• Ce qui est invisible: Chapitre 1 Une âme parmis ses apparences

     

    Avez-vous déjà rêvé de posséder un autre sang ? De changer de vie, de famille ? De se sentir tellement différente des gens autour de soi, que la vie ne prenne aucun sens ?

    Une fille ordinaire, dans un lycée, tout ce qu'il y a de plus banal, ou presque ... De longs cheveux blonds, une peau dorée et de grands yeux bleus-gris. Mon nom est Ambre. Toute ma vie j'ai été dans des écoles privées, j'ai possédé les plus grandes maisons et voitures ... Et oui, je suis une gosse de riche ! Mais ne vous méprenez pas, je déteste ça. Mes parents et mon grand frère ne portent que des vêtements de marques et sont connus dans le monde entier grâce à leurs grandes entreprises, qui ont réussi à s'implanter partout. Ils ont honte de moi et me méprisent par dessus tout, surtout depuis que je leur ai assuré que je souhaitais aller en école publique. Ils avaient pris ma demande comme une insulte à leur statut qu'ils jugent au dessus de tout.

    Je viens de rentrer en première, je vais bientôt avoir dix-sept ans et tout ce que je souhaitais, c'était de m'effacer. Voilà pourquoi je voulais changer d'école. Bien sûr ma famille avait catégoriquement refusé que je rentre en école publique, et je restais donc dans ce lycée de gens superficiels et sans aucunes importance ... Je n'ai aucun ami là bas, juste des gens qui me suivent partout et qui m'obéissent comme des chiens. Après tout je suis la fille de la famille Renard. La lignée la plus riche d'Europe depuis je ne sais pas combien d'années ... Si seulement je pouvais rencontrer une amie ! Qui m'aimerait pour ce que je suis, et avec qui je pourrais rire à en mourir comme on voit dans les séries à la télé ...

    Certaines personnes dans mon foutu lycée maltraitent les secondes, premières et terminales qui sont de classes « moyennes », je suis un peu leur justicière parce que je m'interpose toujours.

    Une sonnerie infernale coupe mes pensées, je me demande depuis combien de temps je suis éveillée ... Ai-je au moins dormi une heure ? Je ne pense pas. Ce réveil me brise les tympans et je n'ai d'autre choix que de me lever pour l'éteindre. Je prends alors la batte de baseball qui traîne à côté de mon lit et que j'ai piqué à mon frère à son départ de la maison. Je frappe cette instrument de torture qui chaque matin me le fait haïr un peu plus, de toutes mes forces. Ce dernier se fracasse par terre dans un bruit un peu plus agréable et s'éteint enfin, je m'apprête à me replonger dans mes pensées mais c'était sans compter sur une des domestiques de ma famille qui vient m'obliger à me réveiller. Je me lève alors désespérément et enfile rapidement un jeans blanc avec un débardeur noir légèrement décolleté, ma veste en cuir blanche, une écharpe de couleur rouge assortie à mes talons. Et je mets sur mes cheveux mes lunettes de soleil noires. Tout est de marque... Malheureusement ! C'est ma mère qui m'oblige à porter ce genre de vêtements. Je ne peux même pas être moi même, habillée comme ça, j'ai vraiment l'air de la première des pimbêches. En plus ces chaussures me font vraiment trop souffrir ... Ma mère prépare toujours mes vêtements la veille, comme si à travers moi elle espérait retrouver sa jeunesse. Je me fais aussi coiffer et maquiller par ses domestiques. Comme quoi, on ne peut vraiment rien faire soi-même dans cette maison !

    Je descends ensuite prendre un petit-déjeuner, du moins j'essaye, étant donné que tout ce qu'il y dans cette foutue cuisine est du « 0% de calories ». Je n'ai jamais mangé du Nutella de toute ma vie, et je me trimbale donc ces deux horribles biscuits allégés en sucre sans même une dose de chocolat. Ensuite, je me fais emmener jusqu'au lycée en limousine bien sûr, rien de plus discret que ce type de voiture ...

    Arrivée dans cette énorme bâtiment neuf, les lunettes de soleil sur le nez, et la capuche de ma veste sur les cheveux j'aurais aimé passer inaperçue mais c'est raté. Un groupe de plusieurs filles me propose de porter mon sac, ce que je refuse évidemment. Des garçons m'abordent aussi mais je leur dit à tous de dégager de ma vue. Ces gens ne sont que de purs hypocrites qui veulent devenir proche de moi pour mon fric. Je voudrais être regardée pour ce que je suis moi, pas pour ce que je porte !

    En classe, même les professeurs ne me disent rien, ce sont mes parents qui financent les voyages scolaires, leurs machines à café et pleins d'autres choses encore. J'ai tant de fois essayé de me faire virer de cours, sans effet. J'ai sortis mon portable sous le nez des profs, je suis partie de la classe, j'ai mangé, mis les pieds sur la table ... Mais rien, même pas un petit avertissement ! C'est hallucinant et tellement ... ennuyant !

    Je m'assis à ma place, près du radiateur. Personne ne vint s'installer à côté de moi, de toute façon je leur avais interdit. J'avais une grande autorité sur ce bahut et je contrôlais tout. En y pensant bien, j'aurais vraiment pu devenir une garce et me servir de tout le monde. Mais ce n'est pas dans mon caractère. J'aimais rester seule à regarder par la fenêtre, observer les nuages, le soleil, la pluie. Et parfois on apercevait encore la Lune dans le ciel, ce qui était mon paysage favori. Pour les cours je n'avais pas vraiment besoin de réviser, j'avais une très bonne mémoire, et en lisant une leçon une fois je le connaissais pratiquement par cœur. Les enseignants me donnaient toujours avant un contrôle les cours qu'il fallait apprendre et donc je n'avais même pas besoin de prendre des notes.

    Je levais les yeux vers notre professeur de français, qui venait de toussoter pour attirer notre attention. Il était habillé en costard et se tenait droit comme s'il avait un parapluie dans le dos. Il ressemblait à un pingouin avec ses horribles cheveux noirs qu'il plaquait en arrière. Cette pensée me fit sourire, et en dirigeant mon regard vers la droite je pus observer quelqu'un de nouveau. A côté de lui, se tenait un grand jeune homme, cheveux châtains clairs, voir blonds, mi-longs enbataille avec de magnifiques yeux verts. Il portait une chemise blanche négligemment ouverte qui laissait apparaître son corps musclé et sa peau légèrement bronzé. Il avait aussi un jeans et de simples baskets noires. Sa veste qui était du faux cuir avait été posée sur son épaule. Et il traînait un vieux sac dans sa main. Ma première conclusion fut : ce n'est pas un gosse de riche. Ma deuxième : c'est un nouveau. Et troisièmement je me dis qu'il était plutôt mignon. On remarquait toute suite qu'il avait essayé de se rendre présentable pour cette première journée, personnellement je trouvais ça réussi. Même si les autres n'étaient pas de mon avis.

    Mon professeur prit la parole, lorsque les bruissements dans la classe cessèrent enfin :

    -Voici Nathan Carrier, c'est un nouvel élève qui est dans ce lycée grâce à une bourse. Asseyez-vous quelque part et vite, je voudrais commencer mon cours.

    Je regardais les personnes de ma classe qui le fixaient avec dégoût et je levais les yeux au ciel. Presque toutes les places étaient prises et les gens qui étaient seuls placèrent leur sac sur la chaise d'à-côté, ils ne voulaient que ce garçon de classe moyenne salissent leur « réputation ». Le maître de classe fit semblant de ne pas les voir. C'est pourquoi, j'enlevais le mien de la place libre et pris mes affaires pour lui laisser de l'espace. Il le remarqua rapidement, puisqu'il vint s'asseoir à côté de moi sous les « exclamations » de tous ces autres abrutis. Il haussa un sourcil ne comprenant pas vraiment ce qu'il se passait.

    -Ne fais pas attention à eux, plaçais-je en souriant.

    Il hocha la tête, sortant une trousse noire, toute aussi vieille que son sac. D'autres chuchotements se firent entendre dans la classe, accompagnés de rires. Il voulut dire quelque chose aux gens, mais je me levais avant lui.

    -Le premier qui dit encore un mot, je lui pourris sa pauvre vie d'abruti ok ? Alors maintenant fermez-là !

    Le silence se fit enfin dans la salle et le prof se racla la gorge avant de continuer son cours.

    Tout le monde s'était redressé et je me rassis sur ma chaise, sortant à mon tour ma trousse neuve histoire de paraître studieuse. C'était encore une nouvelle affaire, ma mère s'amusait à m'acheter toujours de nouveaux trucs pour ne pas que je sois « démodée ». D'après elle, la mode est la chose la plus importante. Bref, c'est une personne superficielle.

    -Tu n'étais pas obligée de faire ça, dit le jeune garçon à côté de moi, mais je te remercie ...

    Je souris, il continua alors :

    -Tu as une autorité impressionnante, même le prof a ...

    -Laisse tomber, rigolais-je, c'est comme ça. Tu viens d'où ?

    -Un petit village de campagne. Je vis dans un appartement pas loin d'ici. Et toi ?

    -Une petite ville, pas loin d'ici non plus. Tes parents font quoi ? Le questionnais-je.

    -Ma mère est commis dans un restaurant, et mon père je ne l'ai jamais connu en fait.

    Nous avons bavardé pendant les deux heures entières et je me renseignais le plus possible sur lui. C'était vraiment incroyable, il avait été dans un lycée publique où tout le monde était « normal » ! Dans son ancienne ville il passait ses week-ends au foot ou dans un squat avec ses amis. Un cinéma, un mac-do, une patinoire ! Jamais je n'avais fais ça de ma vie ! Ce nouvel élève était si ... intéressant ! J'aurais tant voulu être à sa place ...

    On se sépara par la suite car il devait se rendre chez le principal pour quelques papiers et j'allais à mon casier. Je pensais prendre quelques affaires pour dessiner dans ma salle spéciale, que le lycée m'avais disons... offerte, et pour réfléchir tranquillement. Je marchais la tête remplie de rêve, me voyant sur des patins, sur un skate ... Mais c'était une mauvaise idée, de marcher sans faire attention, je fonçais en plein dans quelqu'un. Et je réalisais bien trop tard que ce n'était qu'autre que Grégoire. Un adolescent, fils à papa, avec des yeux sombres, une peau blanche comme neige, et des cheveux noirs. Il était le beau gosse du lycée, le chef en quelque sorte, celui que tout le monde écoutait, même moi. Il était le type de mec que je détestais par dessus tout.

    -Alors j'ai appris que tu t'étais fais un nouvel ami, plaça le gros bourgeois à mes côtés.

    C'est dingue, mais je me demande comment il fait pour toujours être au courant de tout celui là.

    -Je n'ai pas envie de gaspiller mon temps à parler avec toi, répliquais-je sèchement.

    Je m'apprêtais à partir, mais il m'attrapa par les poignets et me projeta contre les casiers. Ses parents étaient amis avec les miens, même si les siens étaient biens moins riches... Il n'avait donc pas peur de m'approcher, même si pour une fois ça m'aurait arrangée.

    -T'es toujours aussi impolie Ambre, déclara-t-il.

    -Lâche moi ! Grommelais-je.

    Il resserra sa prise autour de mes poignets. Mon cœur se mit à battre plus fort et il fallait l'avouer j'avais peur de lui. Son regard perçant me transperçait totalement et je savais qu'il n'hésiterait pas à me frapper. J'avais mal aux mains, mais je ne me plains pas. Hors de questions que je lui fasse ce plaisir.

    -Lâche-là.

    Je tournais la tête pour apercevoir Nathan qui venait d'arriver au bout du couloir. Les yeux noirs de Grégoire croisèrent ses magnifiques yeux verts. Il desserra sa prise et mon sang qui enfin circuler normalement, je me rendis compte aussi que j'avais arrêté de respirer.

    -Tiens tiens, comme c'est intéressant. On dirait un chevalier servant vous ne trouvez pas ?

    Il s'adressait au groupe qui venait de s'approcher. Car tout le monde sentait la bagarre venir, moi aussi d'ailleurs. Un rire rauque s'échappa de sa gorge et les autres élèves s'alignèrent à lui.

    Nathan ne répondit pas, il s'approcha de moi pour me demander si j'allais bien. Je hochais la tête en souriant. Il m'attrapa la main pour me tirer derrière lui alors que Grégoire s'approcha de nous.

    -Tu ferais mieux de rester dans l'ombre. Tu n'es qu'un abruti pauvre et mal habillé.

    -On a juste pas les mêmes valeurs, affirma mon protecteur pas du tout effrayé. Je ne porte peut-être pas de vêtements de marque, mais au moins moi je ne suis pas con. Il faut être vraiment bas pour s'attaquer à une fille.

    C'en était trop. Grégoire envoya son poing en plein dans sa figure. Je m'attendais vraiment à ce qu'il soit projeté au sol avec deux dents de cassées. Mais à mon plus grand étonnement, et celui des autres élèves, Nathan l'évita avec une facilité remarquable. Comme tous les autres coups que ce crétin essayait de lui jeter en fait. Puis, mon nouvel ami lui balança un remarquable coup de point dans le nez et coup de pied dans le ventre. Ce gosse de riche s'effondra au sol, et le surveillant embarqua Nathan pendant que l'infirmier prit Grégoire au sol. Pas d'espoir, pour Nathan, c'est lui qui allait plonger ... Sauf si je m'interposais. Il m'avait défendu, je lui devais bien ça. Je suivis alors le surveillant qui embarquait le nouveau dans le bâtiment réservé au personnel.

    Il parlait au proviseur quand je débarquais dans la salle sans même toquer :

    -Je suis témoin de l'agression et je peux vous assurer que c'est Grégoire qui a commencé.

    -Oui mais ... commença le principal.

    -Souhaitez-vous que j'appelle mes parents ? Le menaçais-je alors.

    -Je l'innocente de suite, affirma le directeur.

    Nathan ramassa ses affaires avant de me suivre. On avait permanence jusqu'à treize heures alors je lui proposais une ballade pour lui faire découvrir les environs. Au bout de quelques minutes de marche, il brisa le silence qui s'était installé.

    -Je ne comprends rien, s'énerva-t-il, pourquoi tout le monde t'écoute, même le proviseur ? Alors que ce type n'est même pas effrayé à l'idée de te toucher ?

    -Mes parents sont les actionnaires de ce lycée. Donc tout le monde m'écoute. Les parents de Grégoire sont très proches avec les miens c'est pourquoi il n'a rien à craindre. Mais plus important, où as-tu appris à te battre comme ça ?

    -Tu sais, quand on vit dans un quartier difficile, mieux vaux apprendre à se défendre, marmonna-t-il.

    -Tu m'apprendrais ?

    -Quoi ? S'étonna-t-il.

    -S'il-te-plaît ! Insistais-je.

    -Mais tu es une fille ! Les filles n'apprennent pas à se battre.

    -Ah et pourquoi ça ? Répliquais-je, en me plaçant devant lui.

    -Si je dois t'apprendre il faut que je te frappe, et je veux pas te taper dessus.

    -Je te payerais, déclarais-je.

    -N'importe quoi, rigola mon nouvel ami.

    -Cinquante euros par séance ?

    -Qu.. quoi ?! S'étonna-t-il, recrachant la boisson que je nous avais payée plus tôt.

    -Ce n'est pas assez ? Je peux te donner cent si tu veux, poursuivais-je.

    -Ma mère a besoin d'argent, alors j'accepterais bien, mais cinquante c'est trop.

    -Je te donnerai cent.

    Il voulu répliquer, mais je le coupais :

    -L'argent n'a pas d'importance pour moi. J'en ai bien trop, de toute façon, et si je peux t'aider ...

    Nos estomacs grognèrent en même temps et nous rimes ensemble.

    -J'ai un sandwich sur moi, dit-il, tu as quelque chose ?

    -Non ... Un restaurant ça te dit ?

    -Un mac-do ? Demanda-t-il, j'ai vu qu'il y en avait un là-bas.

    -Je n'ai pas le droit de ...

    -Tes parents ne le sauront pas. Et pourquoi tu n'aurais pas le droit ?

    -Je ne sais pas en fait. Mais tu as raison, allons-y ! m'exclamais-je.

    C'était la première fois de ma vie que je mangeais dans un restaurant comme celui-ci. Que je mangeais aussi gras que cela. Et que j'avais le droit à un dessert avec du caramel comme ça !

    J'avais passé la meilleure journée de ma vie, jusqu'à bien sûr, que je rentre chez moi. Là j'allais devoir affronter un tout autre problème ...


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