• Ce qui est invisible: Chapitre 2 Le début des embrouilles

    La limousine qui devait me ramener dans ma villa s'arrêta devant un grand restaurant de très haut niveau. Je fus assez étonnée de cet arrêt, mais je savais que ça ne représentait rien de bon. Surtout lorsque j'aperçus la magnifique décapotable rouge de mon grand frère, qui était censé être parti aux États-Unis... Le mot était peut-être fort mais je haïssais cet homme. Il avait vingt-trois ans, possédait une bouille d'ange, des cheveux blonds frisés avec des grands yeux noisettes qu'il tenait de ma mère. J'avais beaucoup attendu de lui, petite je voulais vraiment son affection et son amour. Mais il n'avait fait que m'ignorer. C'était aussi un gros dragueur, toutes les semaines il se montrait avec une autre femme, ce qui nuisait légèrement à l'image de l'entreprise mais mes parents avaient acceptés. Ma mère, elle était la pire snob de tout l'univers, une femme refaite de partout, blonde aux yeux noisettes, j'avais aussi attendu beaucoup d'elle. Mais j'avais très vite appris que je ne pourrais jamais compter sur elle comme une mère. Et mon père, je ne le vois que très rarement, une fois par mois, si ce n'est moins. Je ne le connais pas mais j'imagine qu'il est pareil que mon frère. La seule chose que je tiens de lui ce sont mes yeux. Et bien sur mes parents se trompent mutuellement mais ne divorce pas, ça briserait leur image de couple et famille parfaite. Famille parfaite ? Mon œil. La seule personne qui m'a jamais aimé fut ma nourrisse, Amélie. Elle m'a donné tout l'amour qu'elle pouvait et elle est maintenant ma dame de compagnie en quelque sorte. Sans elle je n'aurais jamais su quelles sont les vraies valeurs, qui sont celles du cœur.

    Mon frère m'ouvrit la portière et me salua froidement. Ce qui voulait dire que ce conseil de famille était à cause de moi. Que diable avais-je fais cette fois ? Il me présenta son bras, que j'acceptais en hochant la tête le saluant à mon tour, tout aussi froidement.

    -Tu vas vraiment trop loin, Ambre, marmonna mon abruti de grand frère.

    -Je ne sais même pas ce que j'ai fais, m'enquérais-je.

    Il soupira, signe que la discussion était close.

    Comme à leurs habitudes mes parents avaient réservé tout le restaurant. Ils s'étaient assis à leur table favorite et en face d'eux se trouvaient les parents de Grégoire. Et ce pauvre type était là aussi, pour mon plus grand malheur. Je les saluais correctement, mon frère me tira la chaise et je pu m'asseoir à droite de la femme qui me servait de mère. Mon père attendit que Mikaël, mon frère, fut installé pour s'adresser à moi.

    -Le principal a appelé pour nous informer que tu avais défendu un jeune homme qui avait levé la main sur Grégoire. Est-ce exacte ?

    Je hochais la tête.

    -Te rends-tu seulement compte de l'erreur qu'il a commis en ayant recours à la violence ? Demanda mon père.

    -Je crains que vous n'êtes pas au courant de toute l'histoire. Grégoire me faisait mal, probablement sans s'en rendre compte et Nathan m'a défendu. Sous l'effet de la colère, Grégoire l'a insulté, Nathan a répliqué et ce garçon, dis-je en montrant le jeune homme en face de moi du doigt, a essayé de le frapper à plusieurs reprises. Mon ami n'a fait que se défendre, donc celui qui est en tord n'est pas lui.

    Je m'attendais à des étonnements et au moins à ce qu'ils s'excusent de leur conduite, mais ma mère fondit en larme, comme lorsqu'il se passait quelque chose en fait. Elle se tourna vers moi, ses yeux noisettes me fusillant du regard :

    -Je n'arrive pas à croire que tu oses nous mentir pour protéger cette... cette racaille !

    Ce fut moi qui fut surprise. Quoi ? Moi je mentais ! Grégoire les avait manipulé, j'aurais du m'en douter !

    -A partir de maintenant, affirma mon père, je refuse que tu le revois. En plus il t'a emmené dans ce Mac-do... Grégoire te surveillera et si jamais, tu lui parles une seule fois, je ferais en sorte qu'il soit renvoyé. Pas du lycée. Du pays entier.

    Je crois que j'hallucinais, pour une fois que j'avais un ami. Pour une fois que cette vie aurait pu changer, pour une fois que j'aurais pu être aimé pour ce que je suis, il fallait encore que ma famille gâche tout. Je pris mon sac me levais et répliquais :

    -Je ne le verrais plus, mais n'espérez pas de moi que je vous adresse encore une fois la parole, vous ne croyez même pas votre propre fille ! La seule racaille ici, c'est vous !

    Je sortis de table sans un regard pour cette famille atroce qui était la mienne. Il pleuvait dehors, mais je rentrais tout de même à pieds, je préférais cela. Je pouvais m'évader dans mes pensées, et réfléchir à cette séparation. Je n'avais pas le choix n'est-ce pas ? Je devais ne plus lui parler, tout le monde rapporterait si jamais ils nous voyaient, les élèves, les profs... Mon talon se prit dans un trou et en avançant je le brisais. Quelle poisse ! Je marchais donc pieds nus, sous la pluie, les chaussures dans la main. Une voiture s'arrêta à côté de moi et une femme baissa la vitre. Elle avait de magnifiques yeux verts et des cheveux bruns attachés en une queue de cheval.

    -Je suis commis dans le restaurant dont vous sortez, ne m'en voulez pas mais j'ai tout entendu, montez.

    Je ne voulais pas accepté, mais il faisait vraiment froid et donc je grimpais dans cette vieille voiture sale :

    -Je vous remercie.

    -Alors c'est vous, la fille qui veux apprendre à se battre ? Me questionna-t-elle.

    -Pardon ? demandais-je surprise.

    -Je suis la mère de Nathan.

    -Vraiment ? M'étonnais-je, mais comment savez vous que je veux apprendre à me battre ?

    -Il m'en a parlé, il était d'ailleurs très surpris, il se moquait un peu de vous aussi, mais gentiment, rigola la femme au volant.

    J'étais très étonnée, jamais je n'aurais parler de ça avec ma mère. Je levais les yeux vers la fenêtre, la pluie commençait à s'arrêter. La voiture se gara devant un petit immeuble insalubre.

    -Vous allez vous séchez, prendre une douche, et je vous prêterais des vêtements propres. Vous pouvez mangez ici, et je vous ramènerais chez vous après.

    -Je vous remercie beaucoup, madame, mais...

    -Nathan n'est pas là, il dort chez un ami, tu n'as pas à t'inquiéter.

    -Merci infiniment, répondis-je.

    Elle me prêta le téléphone pour appeler mes parents mais je refusais poliment, ils savaient que quand j'étais en colère je ne revenais que pour la nuit. Ils ne s'inquiétaient jamais pour moi.

    C'était vraiment un tout petit appartement, avec du moisis sur les murs, de l'humidité etc... Mais c'était chaleureux. Après la douche, j'avais enfilé un pull-over noir en laine accompagné d'un vieux jeans. J'étais bien plus à l'aise dans ces vêtements là, il fallait l'avouer. Il y avait un tas de papiers éparpillés sur la table. Elle les enleva et je lui proposais mon aide, c'était plusieurs factures... Une lettre tomba par terre et quand je me baissais pour la ramasser je ne pus m'empêcher de lire le destinataire. Il était inscrit : A Nathan de son père.

    Je lui tendis la lettre en demandant timidement :

    -Je croyais que Nathan n'avait jamais connu son père ?

    Un silence s'installa entre nous deux, et elle resta la bouche ouverte ne sachant que répondre, elle espérait probablement fuir la conversation. Elle prit une grande inspiration avant de pouvoir me répondre.

    -C'est le cas, oh je vous en pris ne lui dites rien ! Répondit-elle les larmes aux yeux, son père est en prison depuis que Nathan a deux ans. Je ne voulais pas que mon fils soit triste et qu'il est un quelconque rapport avec cet homme. Je ne veux pas qu'il lui fasse du mal comme il m'en a fait à moi.

    -Ne vous inquiétez pas, ce n'est pas à moi de lui dire donc je ne le ferais pas.

    C'était vrai, ce n'était pas à moi de lui avouer toutes ces choses horribles, c'était à elle.

    Sa mère me sourit pendant qu'une larme coulait sur sa joue. Elle rangea les papiers dans un tiroir qu'elle ferma à clef, quand quelqu'un toqua à la porte. La femme me demanda de surveiller la crêpe qu'elle venait de faire cuire pendant qu'elle partit ouvrir. Sauf que je ne savais pas du tout comment surveiller une crêpe. Ni même comment tenir une poile. Je n'entendais rien de ce qui se passait à l'entré, ce que je savais c'est que la crêpe sentait mauvais... J'appelais donc en criant :

    -Madame !

    Celle ci accouru, me regardant tenir la poile comme une idiote, elle se mit à rire doucement :

    -Excuse moi, j'avais oublié que tu étais... enfin... Tu n'as jamais fais ça te ta vie ?

    -Non, répondis-je honteuse.

    -Maman, ça sent vraiment le cramé qu'est ce que tu...

    Nathan coupa sa phrase en me voyant. Oh non ! Je reculais terrifiée. Je restais là pendant une longue minute, puis réagit enfin. Je pris mon sac et mes vêtements avant de me diriger vers la sortie mais la mère de Nathan se plaça devant moi.

    -Je t'en pris reste, tu n'as même pas mangé une crêpe.

    -Mais je...

    -Tes parents ne le sauront pas, me coupa-t-elle.

    Je hochais la tête, déposais mes affaires et m'installais à la table.

    Nathan se plaça en face de moi, il avait les cheveux mouillés, donc lui aussi avait du passer un temps sous la pluie. Quelques gouttes dégoulinaient le long de son visage. Il plongea ses yeux verts dans les miens, et un sentiment très étrange m'envahit. Je me mis à rougir inconsciemment et tournait le regard. Sa chemise était trempée et il l'enleva alors devant moi, comme si je n'existais pas. Je rougis deux fois plus, regardant timidement son magnifique torse musclé et bronzé.

    -Qu'est ce que tu fais là ? Me questionna-t-il froidement.

    Je lui racontais rapidement le fait que sa mère m'avait trouvé sous la pluie parce que je m'étais disputée avec mes parents. Il me demanda malheureusement aussi pourquoi cette dispute :

    -Tunedoisplusm'adresserlaparoleaulycée, dis-je si vite que s'en été à peine audible.

    -Quoi ?

    -Grégoire a dit à mes parents que tu étais une racaille et que c'est toi qui l'avait frappé en premier, plaçais-je calmement.

    -Et pourquoi tes parents ne te croient pas ?

    -Je n'en sais rien. Ils ne m'ont jamais cru, n'ont jamais fait attention à moi et ce n'est pas maintenant que ça va commencer.

    Il me sourit, désolé pour moi, ce mec avait vraiment des sauts d'humeur... Sa mère venait d'arriver, elle s'arrêta brusquement et lui cria dessus :

    -Nathan !

    Il ne parut pas comprendre, et la regarda étrangement après avoir bafouiller un « quoi » gêné.

    -Crois tu que ce sont des manières de se balader torse nu devant une fille ?!

    Il me regarda, et ses joues s'empourprèrent se rendant probablement compte de sa bêtise. Il se leva rapidement faisant tomber la chaise au passage et s'enferma dans la salle de bain. Au bout de dix minutes il y ressortit, habillé d'un simple T-shirt noir avec un survêt de la même couleur. Je me suis surprise à penser qu'il sentait terriblement bon, et alors que mes joues rosirent à nouveau, sa mère nous amenâmes deux chocolats chauds avec ses crêpes, avant de s'éclipser, nous laissant discuter un peu.

    -Donc à partir de maintenant on ne se revoit plus. Affirma-t-il.

    -Et si, le soir après les cours je passais chez toi ? Comme ça tu pourrais m'apprendre à me défendre.

    Il hocha la tête et tout fut donc préparé ainsi. Pendant environ un mois, tout se passait sans problème, pendant la journée au lycée, Grégoire me suivait partout, comme un toutou qui espérait avoir un os. Et le soir, je passais discrètement dans ma salle et enfilais d'autres vêtements qui étaient cachés là. Je mettais une perruque courte noire et partais prendre le bus avec Nathan. Nous mangions un morceau, puis nous faisions les devoirs. Je l'aidais parce qu'il avait beaucoup de difficultés, puis il m'apprenait à me battre mais sans jamais me toucher une seule fois. Nous rions énormément ensemble, une grande complicité s'était installée entre nous, et je savais que je m'étais attachée beaucoup trop à ce garçon. Il avait insisté pour que je ne le paye pas, mais quand je partais, je faisais toujours en sorte de laisser quelque chose.

    Un soir alors que je sortais de chez lui, on m'attrapa violemment par le bras tout en me retirant ma perruque. Mes cheveux blonds retombèrent le long de mon corps. Je levais mes yeux bleus, devenus gris acier à la vue de cette personne horrible qui se tenait en face de moi.

    -Tu avais interdiction de le revoir ! S'énerva Mikaël.

    -Ne dis rien, le suppliais-je.

    -Tu rigoles ? Je vais tout balancer, monte dans la voiture.

    -Merde ! Fulminais-je en me débattant de sorte qu'il me lâche, tu ne peux pas faire quelque chose de bien pour une fois dans ta vie ! Tu pourrais pas, rien qu'une fois me rendre service comme le ferait un vrai frère ?!

    -Je te rend service en te dénonçant, ce type est mauvais pour ton image.

    -Non ! Il est mauvais pour VOTRE image ! Tonnais-je, c'est Grégoire qui l'a frappé le premier et vous le savez tous très bien ! Il m'a apporté bien plus d'amour en un mois que vous en dix-sept ans d'existence ! Et tu sais quoi ? Pour moi ce garçon est bien plus un frère que toi !

    Je fus projetée au sol, par une de ses gifles et un flash d'appareil photo apparu dans l'ombre. Nous savions tous deux ce que ça signifiait. Il me tendit une main pour m'aider à me relever, mais je ne la serra pas. Je montais dans sa voiture sans faire de bruit, tout aller pour le pire.

    -Je suis désolé je n'aurais pas dû te gifler, dit-il en montant à son tour.

    Le silence se prolongea après cela tout le long du trajet, de toute façon demain nous ferions la une des journaux. Mon père allait donc revenir à la maison.


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