• Ce qui est invisible: Chapitre 3 Un nouvel allié

    Assise au bord de ma fenêtre, je regardais les étoiles et la Lune, espérant ainsi y trouver refuge. Priant pour un jour meilleur. Je savais que mon frère parlait avec ma mère dans le salon et les ennuis n'allaient pas tarder à arriver. Je soupirais bruyamment, sans détacher mon regard de la magnifique lumière ronde qui émanait du ciel :

    -Ma petite Lune... Aide moi...

    On frappait à la porte, c'est bon j'étais définitivement morte. Mikaël pénétra dans ma chambre, et referma délicatement la porte.

    -Si tu veux me gifler encore, pestais-je à sa vue, tu peux dégager et maintenant!

    -J'ai dis à notre mère que je voulais te montrer un endroit, que l'on s'est perdu, et que l'on s'est retrouvés dans un quartier insalubre. J'ai ajouté que je t'ai giflé sous l'effet de la colère et qu'on nous a pris en photo.
    J'en restais bouche bée, avais-je bien entendu ? Me faisait-il une farce des plus grandes ?

    -La prochaine fois, ajouta-t-il, sois plus prudente. Et dit à ton ami que si jamais il te brise le cœur je me ferais une joie de ruiner sa vie.

    Mikaël s'apprêtait à sortir de ma chambre, sans que je pusse placer un mot toujours sous le choc de sa déclaration. Le bruit de la clenche me fit sursauter, et je courrais vers lui. Je lui sautais dans les bras en le remerciant minimum dix fois. Il ne savait pas comment si prendre, je le sentais, mais je ne bougeais pas. Enfin, je voyais en lui un être humain, enfin je sentais qu'il possédait un cœur. Ses mains se serrèrent timidement autour de ma taille, et je ressentis une chaleur et douceur autrefois inconnues. Au bout de quelques instants nous nous séparâmes et il sortit de la pièce me disant au revoir. Il allait rester ici pour la semaine, enfin c'était ce qui était prévu.

    Je m'effondrais dans mon lit, heureuse, tout s'arrangeait finalement ! C'était ma première nuit complète, la première fois que je dormais aussi bien depuis longtemps.

    Je me levais à dix heures, nous étions samedi et je n'avais pas cours. J'enfilais mon jeans préféré, et un pull blanc simple avec un gilet noir à capuche que j'adorais. Je mettais mes baskets, prit de l'argent et enfourchait mon vélo, la capuche rabattu sur le visage. Je devais à tout prix éviter de me faire remarquer par ces journalistes en folie... Je m'arrêtais devant une boulangerie et commandais un croissant au Nutella. Un régale ! Je me dirigeais vers la maison de Nathan après avoir englouti en quelques bouchées mon merveilleux petit déjeuné. Sophie, la mère de Nathan m'avait invité à manger, mais je rencontrais quelques problèmes sur ma route...

    Je m'arrêtais brusquement apercevant deux garçons entrain de tabasser un autre qui était à terre.

    Je ne pus m'empêcher de m'interposer, apercevant ainsi ce pauvre jeune homme ensanglanté.

    -Arrêtez ! Criais-je.

    Les deux interpellés se retournèrent vers moi.

    -Waouh, jolie, sifflèrent-ils.

    Ils s'avancèrent tout deux, s'approchant à pas de loup, près à bondir et à sortir les crocs. C'est à cet instant que je commençais à me dire que j'aurais mieux fais de continuer mon chemin.

    -Tu sais, princesse, se promener toute seule comme ça c'est pas très sur, plaça le plus grand des gars.

    Il avait de grands yeux noisettes avec des cheveux bruns alors que l'autre possédait des yeux bleus et des cheveux noirs.

    -Vous n'avez pas honte de vous mettre à deux contre un, m'énervais-je.

    Ils rirent tous deux comme si ma phrase avait été la plus grande des plaisanteries. Le grand m'attrapa à la gorge et me projeta contre le grillage. Sa main serrait fortement mon cou et je sentais mon souffle se couper. Ma respiration haletait, et mon cœur se mit à battre de plus en plus vite, la peur me prenait. Et au bout de quelques minutes de terreur qui m'avait paru durer une éternité, il me relâcha enfin et je m'effondrais au sol, tremblante.

    -Je pourrais peut-être te pardonner ton audace, princesse, ajouta-t-il après m'avoir caressé la joue.

    Je me levais brusquement et il en fit de même. Hors de question que je me fasse avoir par ce type. Je lui envoyais un coup à lui décrocher la mâchoire et il atterrit au sol, choqué. L'autre jeune homme vint me frapper, mais j'évitais son coup avec adresse avant de lui balancer un coup de pied dans l'estomac, qui le fit vomir son repas. Je relevais en vitesse le garçon en sang et partit abandonnant mon vélo. En voyant la marque de ce dernier, ces deux voyous ne nous suivraient pas, je raconterais un bobard à ma mère et elle m'en offrirait un nouveau.

    Je déposais le garçon sur un banc, il avait la bouche et le nez en sang, possédait des ecchymoses un peu partout, mais je crois qu'il n'avait rien de cassé.

    -Merci... me dit-il, faiblement.

    -Est-ce que ça va ?

    -Maintenant oui, plaça-t-il en souriant.

    Je regardais son visage, deux grands yeux bleus, des cheveux noirs comme l'ébène et une jolie peau foncée.

    -Tu veux aller voir un médecin ou quelque chose ? Demandais-je après l'avoir finement détaillé.

    -J'ai l'impression d'être mort, sourit-il.

    -Non, tu es toujours vivant, rigolais-je.

    -C'est anormal d'avoir un ange en face de sois quand on est vivant, me susurra-t-il au creux de l'oreille.

    Je reculais instinctivement, génial, j'étais tombée sur un vrai dragueur, il me regardait des pieds à la tête sans aucune retenue. J'allais lui coller une gifle incroyable, au moment où il posa ses yeux sur une partie de mon corps personnel mais une voix m'arrêta.

    -Cédric ! Ambre !

    Je levais les yeux pour apercevoir Nathan qui venait en courant vers nous. En s'approchant de moi il me tapa sur la tête tout en s'énervant :

    -Cela fait quarante-sept minutes que tu devrais être chez moi, j'étais... enfin ma mère était morte d'inquiétude !

    Je souriais, il s'était trahis ! Je lui racontais rapidement ce qui s'était passé en m'excusant plusieurs fois dans la même phrase.

    Cédric se leva et sourit à Nathan :

    -Je ne savais pas que ta petite amie était aussi jolie.

    -Ce n'est pas ma petite amie, répondit Nathan rougissant.

    Le visage de Cédric s'illumina et je levais les yeux au ciel. Ce type m'exaspérait. Il plaça son bras autour de mes épaules :

    -Tant mieux, rigola-t-il.

    Au bout d'une minute de grand silence, Nathan lui enleva sa main et le poussa plus loin :

    -Ne t'avises plus de la toucher une seule fois. Je te préviens Cédric, ne t'approches plus d'elle, ou je ne donnes pas cher de ta peau.

    -Alors, commença l'interpellé en souriant, ce n'est pas ta petite amie mais j'ai pour interdiction de la toucher ? Je ne comprends pas.

    -Moi non plus, rajoutais-je, mais peu importe, Cédric, se fut un plaisir de t'aider. On y va Nathan, ajoutais-je en me tournant vers lui, voulant à tout prix me débarrasser de ce vil personnage.

    Ces yeux verts me fusillaient du regard, et il partit devant sans même se donner la peine de répondre à ma question. Alors que Cédric s'éloignait, je courrais pour rattraper mon ami, et en me plaçant à ses côtés je lui demandais timidement :

    -Ce garçon est un ami à toi ?

    -Pas vraiment, soupira-t-il, c'est un abruti et il est toujours fourré dans les situations les plus compliquées. Je l'ai rencontré un jour quand il se faisait tabasser.

    Le reste du chemin se passait presque en silence, j'essayais désespérément de faire la conversation mais il me répondait par des phrases courtes, et sèches. J'abandonnais alors, laissant vagabonder mon esprit à la plus petite des pensées, passant des jolies fleurs rouges, à la Lune qui se trouvait encore dans le ciel. Arrivant à destination, la mère de Nathan, comme à son habitude me prit gentiment dans ses bras. C'était la première fois que je venais chez eux un samedi, alors elle était drôlement joyeuse. C'était une femme vive et pleine d'énergie, cachant le moindre de ses problèmes. Je savais cependant qu'elle allait mal, son fils aussi le remarquait mais préférait faire comme s'il ne le voyait pas. Il ne tenait pas à savoir leurs problèmes financiers, Nathan préférait se contenter de sourire avec sa mère. Ils vivaient ainsi tous deux dans un monde complètement imaginaire, s'inventant une histoire sans soucis.

    Nous partions dans la chambre de Nathan, et il me laissa la visiter tranquillement. C'était la première fois que je voyais son espace personnel. Une petite pièce, peinte en bleu foncé, un vieux canapé-lit au centre de la chambre, un bureau pour travailler, accompagné d'un très vieil ordinateur, un ballon de foot au sol et pour finir un punching-ball rouge et délavé.

    Nathan soupira bruyamment tout en s'effondrant sur son lit :

    -Ça doit te changer de ta baraque de riche non ?

    -Ma maison est peut-être plus grande, mais la tienne y est bien plus chaleureuse. Répondis-je en m'asseyant à ses côtés.

    -Je donnerais n'importe quoi pour être à ta place, marmonna-t-il entre ses dents.

    -Et moi pour être à la tienne.

    -Quoi ? S'étonna le jeune homme en se relevant, se retrouvant face à moi.

    -Tu as une mère qui t'aime et qui sait ce que sont les vraies valeurs. Elle s'inquiète pour toi, donnerait n'importe quoi pour te rendre heureux. Tu as plein d'amis et tu es libre de n'importe lesquels de tes mouvements !

    -Et toi, répondit-il, tu vis dans une énorme maison, tu peux avoir ce que tu veux et les gens te respectent.

    -Mais je n'ai aucun ami, mes parents me haïssent et ne s'occupe que de leur argent, ils font comme si je n'existais pas. Et je t'y verrais bien toi, devoir aller à l'équitation où apprendre à jouer au golf. Et pire encore devoir manger des conneries sans aucune calorie tous les jours ! La cuisine de ta mère est un régal, rigolais-je.

    -Je suis là maintenant, plaça-t-il en me regardant droit dans les yeux et en m'attrapant la main.

    -Oui...

    On resta ainsi un moment, nos regards plongés l'un dans l'autre. Mes joues et les siennes prirent une jolie teinte rouge, puis il me prit tendrement dans ses bras, je m'immobilisais tout en fermant les yeux, sentant son délicieux parfum qui m'envahissait déjà.

    -Nathan... Pourquoi tu m'en voulais avant ? Demandais-je au creux de son oreille.

    -Tu es arrivé avec quarante-sept minutes de retard et tu te faisais draguer par un abruti sans même réagir.

    -C'est quoi ce qui t'as le plus énervé, le retard, ce garçon ou le fait qu'il me drague ?

    -Le fait qu'il te drague, sortit-il sans réfléchir.

    Je m'écartais de lui, le regardant en souriant. Il baissa les yeux au sol, les joues de plus en plus rouges et passa sa main dans ses cheveux.

    -Je voulais dire ton retard, se corrigea-t-il.

    Je m'approchais de lui en souriant.

    -C'est ça, je te crois, rigolais-je

    Il tourna brusquement la tête pour répliquer, mais ne put sortir un mot... Nos visages se retrouvèrent face à face. Alors que nos nez se touchaient presque je ne pus m'empêcher d'avoir une envie irrésistible de poser mes lèvres sur les siennes. Le bruissement de la porte nous fit sursauter, et s'écarter l'un de l'autre, beaucoup trop rapidement pour ne pas paraître suspect. Sa mère venait de rentrer pour nous annoncer que nous mangions dans une demie heure.

    Nous avons bavarder, avant de passer à table. Ensuite, nous avions passé l'après midi à rire, à jouer. Nous avons fait des cartes, des courses, des blagues, des promenades, lu des livres. L'après-midi était passé tellement vite, que je n'avais pas vu le temps s'écouler. Et même en venant de deux mondes différents j'avais l'impression qu'il me comprenait plus que n'importe qui. J'avais l'impression que nous faisions qu'un, l'impression d'être enfin... moi.

    Je sortis de chez lui, après avoir placé ma capuche sur mes cheveux. Il me raccompagna jusqu'à la porte, me proposant d'emprunter son vélo, ce que je refusais poliment.

    Une magnifique décapotable rouge, était garée devant son appartement. Mikaël avait l'air triste et désolé, et je ne sentais rien de bon arriver. En effet, juste à côté de lui, se tenait Grégoire, un sourire mauvais aux lèvres. Une autre voiture était garée derrière, celle du travail à mon père. Mon pire cauchemar était entrain de se réaliser... Mon père sortit de la voiture, le visage fermé et dur. Il s'approcha de moi, de nombreux hommes habillés de noirs le suivaient pas à pas. Je savais ce qui allait se passer. Je fermais les yeux m'attendant à recevoir sa main dans mon visage, j'entendais le mouvement de sa veste qu'il enlevait, puis celui d'un bras qui se levait. Mais cette gifle n'arriva jamais. Parce que quand j'ouvrais les yeux, la main de mon père s'était arrêtée à quelques millimètres de mon visage, interceptée. Par Nathan.

    C'est alors que deux des gardes du corps de mon père saisirent mon ami et le mirent au sol, j'ai essayé de m'interposer, mais un autre homme m'avait déjà attrapé, me faisant horriblement mal.

    Mon frère attrapa l'homme qui me tenait et le projeta au loin, il plaça un bras protecteur autour de ma taille, m'ordonnant de ne pas bouger. Je savais que c'était la meilleure solution, néanmoins je n'avais qu'une envie c'était d'aider Nathan. Mon père se plaça devant moi :

    -Je croyais t'avoir demandé de ne plus le voir.

    Je ne savais pas quoi répondre. Je ne savais pas quoi faire. Mes parents allaient probablement l'expédier en Antarctique, ou pire encore, ils étaient des monstres, des personnes sans rien dans le cœur, vides et pitoyables. Nathan s'était relevé, et avait frappé un des hommes, mais ils avaient réussis à le maîtriser à nouveau, lui balançant quelques coups. Sa mère était arrivée entre temps, s'inquiétant de son non retour et elle aussi avait été attrapée. La lèvre de Nathan était en sang tout comme son nez et une bonne partie de son visage. Mon père s'avança vers lui, le regardant droit dans les yeux, se sentant supérieur et invincible.

    -J'espère que vous comprenez votre erreur jeune homme.

    Nathan dirigea ses yeux verts vers moi et c'est à cet instant qu'une larme s'échappa, coulant le long de ma joue. Désespérée, j'étais désespérée. Mon ami se redressa, et cracha au pieds de mon père, avant de lui dire sèchement :

    -Je ne comprenais pas pourquoi Ambre rêvait d'être à ma place, alors qu'elle possédait une énorme richesse. Mais maintenant que je vous vois, je pense que je comprends. Vous n'avez rien dans le cœur. Vous pensez qu'avec votre argent vous pouvez tout avoir, tout enlever. Mais vous savez quoi ? J'aime énormément votre fille et ça vous ne pourrez jamais le changer ! Quoi que vous fassiez j'essayerais toujours de la revoir, de lui parler, et de voir son si jolie sourire. Elle m'a apporté énormément, en peu de temps. Avant je frappais tout ce que je voyais, je ne faisais pas attention aux autres, mais depuis que je la connais je pense avoir changé. Et j'espère avoir su lui apporter autant qu'elle ma donné.

    Les larmes coulèrent à flot sur mes joues, et un sourire se fit sur mes lèvres.

    -Très joli discours, rétorqua mon père, mais je peux faire tout ce que je veux. Je vais vous envoyer toi et ta mère, dans un tout petit village en Chine. Jamais tu ne la reverras. Jamais.

    A ses mots, les hommes les emmenèrent, lui et sa mère vers la voiture. Il fallait que je fasse quelques choses. Il fallait que j'intervienne. Je me mis à genous devant mon père, chose que je n'avais jamais faites et qui le surpris, autant lui que mon frère.

    -Je vous en supplie, laissez les vivre en paix, ici. Je promets de ne plus le voir, et d'accepter la proposition que vous m'avez faite au téléphone.

    Il y eut un long silence et je pris peur. J'espérais qu'il accepterait, mon frère s'interposa :

    -Vous devriez juste les laisser tranquille, elle est heureuse avec ce garçon et...

    -Tais toi ! Hurla-t-il à mon frère, depuis quand tu défends ta sœur ? J'accepte sa proposition, tu t'occuperas de la préparer pour tout.

    Mikaël hocha la tête, et me releva gentiment, pendant que mon père donnait des ordres. Nathan et sa mère furent relâchés, et mon géniteur et Grégoire partirent dans la même voiture.

    Je m'excusais auprès de Nathan et sa mère avant de monter dans la décapotable de mon frère. Celui-ci salua la famille, et démarra la voiture. La route vers la maison me semblait infiniment longue.


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :