• Ce qui est invisible: Chapitre 7 Au delà de ce que l'on croit

    Mikaël sortait de la voiture en vitesse, il avait reçu un appel des médecins et avait fait immédiatement demi-tour. Il courait à en perdre halène dans l'hôpital, bousculant plusieurs infirmiers au passage. En arrivant devant la porte de la chambre où était Ambre, on l'empêcha de rentrer, lui ainsi que Nathan. Tous deux se débattaitent comme des fous en hurlant. Mais les médecins et infirmières insistaient pour qu'ils restent dehors, et les gardes du corps venaient intervenir de peur qu'ils en viennent aux mains. Nathan venait de projeter un médecin au sol en lui fracassant le nez et un policier vint essayer de l'attraper pour le maîtriser. Un homme avec une blouse blanche sortit de la chambre d'Ambre et tous deux s'arrêtèrent brusquement, leur cœur battait si vite qu'il aurait pu exploser. La peur montait en eux, ils suffiraient d'une phrase du médecin pour qu'Ambre disparaisse. Et la vie des deux garçons deviendraient inutiles à leurs yeux.

    -Son cœur s'est arrêté, mais on a réussit à le faire repartir.

    La peur redescendit et les deux jeunes hommes s'effondrèrent sur les fauteuils, soulagés. Nathan essuya ses doigts tremblants sur son survêtement. Une main se plaça sur son épaule et il regarda Mikaël dans les yeux. C'est à cet instant qu'il sentit que ce dernier avait quelque chose à lui dire. Quelque chose qui allait probablement le briser.

    Nathanne s'éternisa pas, il devait rentrer pour continuer les cours si ennuyants. En arrivant chez lui, la maison semblait bien vide et glaciale, comme si un froid mortel avait pénétré ici. Il monta le chauffage qui se mit à gronder protestant de colère, et s'installa sur une chaise de la cuisine. Les meubles étaient glacés et le silence était complet. La pénombre pénétrait dans l'appartement lugubre et insalubre et le jeune homme se leva, se décidant à boire quelque chose de chaud. C'est d'une grande lenteur qu'il se traîna, tout habillé de noir vers le frigidaire espérant y trouver du lait au moins. Le chocolat mis, la tasse placée dans le micro-onde, il observa la boite rectangulaire de couleur sombre qui se trouvait sur la table. Le visage pâle, deux horribles cernes bleues sous les yeux, il se dirigea jusqu'à sa chambre la boîte au creux de sa main, oubliant totalement sa boisson.Il s'installa sur son lit et ouvrit le petit coffre présent devant lui, renversant toutes les affaires qui étaient à l'intérieur. Tout était composé de magnifiques photos, de sa naissance jusqu'à maintenant avec sa mère. Et sa photo préférée, était celle où ils étaient tout les trois, Ambre, lui et elle, un soir dans sa maison, souriant et riant jusqu'à la mort. Il aurait tant voulu vivre des moments tout les trois comme ça. Tant voulu que tout se reproduise, et qu'il puisse être encore avec ces deux femmes qui partageaient sa vie. Mais ce ne serait plus possible, jamais il ne serait à nouveau trois. Parce qu'elle était partie. Un de ses anges avait perdu ses ailes. A cause de ce monstre infâme qui lui servait de père, et jamais il ne lui pardonnerait. Jamais. Il était entrain de tout perdre et si jamais elle disparaissait elle aussi ? Il n'aurait plus rien à se raccrocher. Sa mère avait disparu et une quantité de sang avait été retrouvée, elle avait probablement était assassinée. Et sa Ambre était plongée dans un profond sommeil. Il ne lui restait qu'elle et si elle ne se réveillait pas, il n'aurait plus de raison de vivre. Il renversa les photos sur le sol et pleura comme jamais. Les larmes coulaient à flot sur ses joues et il s'endormit péniblement sur le sol dur et froid de sa chambre.

     

    J'ouvris difficilement les yeux, quelle heure était-il, quel jour étions-nous ? Ma tête me faisait atrocement souffrir pendant que les souvenirs me revenaient peu à peu... L'aéroport, le bruit sourd, la douleur, Nathan. Nathan. Je me levais en sursaut. Il était là, près de moi, installé à terre et il me sauta dessus, me serrant dans ses bras d'une force extraordinaire.

    -Ambre... Tu es enfin réveillée...

    Je me blottissais contre lui alors qu'il m'embrassait partout sur le visage.

    -Depuis combien de temps je...

    -Un mois environ, me coupa-t-il.

    -Nathan il y a plein de chose que je dois te dire... Il y a cet homme et...

    Il me plaça un doigt sur la bouche.

    -Tout s'est arrangé, il est en prison à nouveau, murmura-t-il.

    Je fus énormément soulagée, tout était enfin finit. Des médecins et infirmiers entrèrent dans la pièce. Il sortit m'attendre dehors, tandis qu'ils me laissaient la permission de m'en aller. J'avais fais mes bagages et m'étais habillée tranquillement. Je rejoignais Nathan et il me souriait en m'attrapant la main. Son sourire était différent. Quelque chose n'allait pas, je le sentais...

    -Nathan.

    Il s'arrêta et son faux sourire disparu.

    -Qu'est-ce qu'il y a ?

    Il baissa les yeux vers le sol, alors que ses lèvres bougeaient en murmurant quelque chose. Aucun son ne parvient à mes oreilles mais j'avais déjà tout compris. Je levais les yeux au ciel, il fallait que je reste forte parce qu'il avait besoin de moi plus que n'importe qui. Aucune larme ne s'écoulait de mes joues alors que ses yeux étaient humides. Je m'approchais doucement et le pris tendrement dans mes bras.

    -Ne t'inquiète pas, ça va aller.

    Les mois s'écoulaient et il se relevait lentement, la douleur toujours présente cependant. L'absence de sa mère commençait à peser et il se rendait compte qu'il ne la verrait plus jamais. Il n'avait aucune famille et les juges l'avaient placé en famille d'accueil attendant de trouver une solution. Mon père ne donnait plus aucune nouvelle depuis qu'il avait appris et mon comas et la disparition de Sophie. J'espérais, du plus profond de mon cœur, qu'il avait autant mal que Nathan. J'espérais qu'il souffrait à cause de ses remords et qu'un jour, il payerait pour ses actes. Je mettais réinscrite à l'école en France, pour surveiller Nathan et l'aider, je passais tous les soirs chez sa famille d'accueil et dormait chez eux très souvent. Je le soutenais tous les jours, le réconfortait à chaque instant. Il souriait de plus en plus, et son cœur se guérissait lentement, mais j'avais peur. Comment réagirait-il quand il apprendrait que tout est de la faute de mon père ? Il m'abandonnerait, j'en étais sûre. Je savais que j'aurais du le quitter depuis bien longtemps, toute cette histoire était arrivée par ma faute. Et pendant qu'il se sentait mieux, j'allais de plus en plus mal.

    -Ambre ?

    Je levais la tête pour plonger mon regard dans ses magnifiques yeux verts. Je m'étais bien trop attachée à lui...

    -Qu'est-ce qui ne va pas princesse ?

    Je secouais la tête en souriant.
    -Tu sais que tu peux tout me dire... dit-il en plaçant ses mains sur mes épaules.

    Les larmes me montaient aux yeux car je savais que j'allais le perdre. Je me levais rapidement et sortit alors qu'elles s'écoulaient sur mes joues.

    -Ambre !

    Je courais, sortant sous la pluie, et il me saisit le bras m'ayant rattraper très vite.

    -Qu'est-ce qui ne va pas ? Me demanda-t-il encore une fois.

    -Comment est-ce que tu réagirais si tu apprenais que c'est de ma faute si ta mère a disparu.

    Il me lâcha, et je ne m'étais toujours pas retournée. Même dos à lui je sentais sa douleur...

    -Pourquoi tu dis ça ?

    J'inspirais profondément serrant le collier qu'il avait fait réparé de toutes mes forces.

    -C'est mon... père qui a aidé le tiens à sortir de prison, il voulait nous donner une leçon.

    Je me retournais après, les larmes coulant sur mes joues. Ses yeux étaient emplis de haine et de colère. Jamais encore je n'avais vu ce regard-là et j'en avais mal.

    -Nathan je...

    -Tais toi ! Me coupa-t-il hurlant.

    Je reculais d'un pas, c'était la première fois qu'il me parlait ainsi.

    -Nathan je t'en pris écoute moi je...

    Il s'avança vers moi et m'arracha le collier que je portais au cou le jetant par terre.

    -Ne reviens plus jamais !

    Il s'enfuit en courant alors que je m'effondrais au sol, en larmes. Je restais là probablement une bonne demi heure, le collier entre mes mains. Je me doutais bien que j'avais l'air pitoyable. J'essayais de me relever, mais m'effondrais à nouveau quelques mètres plus loin, je n'avais pas la force d'avancer. Je sentis alors deux bras musclés me porter mais mes yeux étaient trop humides pour que je puisse voir qui est-ce qui m'aidait. Avant même que je ne réalise j'étais dans mon lit, sous les couvertures. Je n'arrivais plus à pleurer, mes yeux me brûlaient mais j'avais toujours aussi mal.

    -Ça va Ambre ?

    Cette phrase était en français, mais je reconnu tout de suite un jolie accent anglais, qu'est-ce que Nicolas faisait ici ?

    Je me relevais essuyant encore mes yeux rougis et lui sourit.

    -Oui, merci de m'avoir ramené.

    -Tu mens très mal tu sais, répondit-il.

    Aucun son ne pu franchir mes lèvres, je me contentais alors de serrer à nouveau mon médaillon. Mon cœur souffrait encore et encore.

    -Laisse-moi t'aider.

    Je hochais la tête, probablement trop désespérée pour refuser. Nathan m'en voulait énormément, sa mère était morte par ma faute... Qu'allais-je faire ? Comment me faire pardonner ? C'est là que je réalisais que tout avait été calculé par mon père. Il savait que le père de Nathan voulait tuer Sophie. Et maintenant que celui-ci était loin de moi, en colère et triste par ma faute, il pourrait dormir tranquille...

    -Ambre ?

    Je levais les yeux vers Nicolas, sortant de mes pensées.

    -A partir de maintenant, je te protégerais.

    Avant même que je n'eus le temps de bouger, il m'avait pris dans les bras. J'étais totalement pétrifiée... Je le repoussais doucement, n’appréciant pas vraiment cette soudaine démonstration affective.

    -Pourquoi tu fais ça ? Le questionnais-je alors qu'il s'écartait.

    -Parce que tu es quelqu'un de bien. Et que tu ne mérites pas de souffrir.

    -Tu ne serais pas entrain de me faire une déclaration, pestais-je.

    -Je t'avoue que si, mais je sais que ça ne marchera pas. Je veux juste t'aider, je me suis inscrit dans ton lycée. Je te protégerais.

    Cette découverte m'avait profondément chamboulé. Il était si gentil... Mais j'avais autre chose à penser. Comment allais-je faire pour me faire pardonner ? Sa mère devait être morte depuis longtemps déjà. Mon cœur saignait j'avais mal en permanence, la douleur était si forte. J'aurais préféré mourir que de ressentir encore cela. Je n'en pouvais plus, j'avais bien trop mal...

    Quand je partais pour le lycée, je marchais à pieds, espérant que mon cœur se serrerait moins car j'étouffais. J'étouffais de chagrin, de mal être, de douleur. La journée en cours me paressait longue et je souffrais énormément surtout quand je voyais Nathan avec son amie. La jalousie me dévorait petit à petit. Je payais le prix de ma famille, mon cœur venait d'être assassiné par mon propre père. Comment pardonner ses orgueils ? Ses coups bas ? Ses amours loin de moi ?

    Tous les soirs, j'essayais de joindre mon père mais sans aucun résultat, et Mikaël avait beau m'aider, il ne savait pas où il avait pu aller.

    6 longues et interminables semaines s'écoulèrent avant les vacances. Nathan m'évitait constamment et je n'étais plus rien, plus qu'une seule ombre de moi même. Je souffrais, mon cœur tombait en miette et me relever me paressait impossible... Je ne guérissais pas, et rejetais cet horrible mal au fond de mon cœur, en haine. Haine que je ne pourrais pas ravaler, ma colère s'emportait. Je perdais mon souffle et mon regard devenait de plus en plus noir. Je voulais qu'il souffre autant que moi, je voulais venger Nathan et sa mère. Nicolas essayait de me soutenir, mais jamais je ne pourrais oublier et effacer Nathan. Et je ne trouvais pas les mots, pas la force pour lui expliquer. Mais il restait là me raccompagnant chaque soir chez moi, espérant, patientant.

    C'est un soir, au moment où il me raccompagnait que mon téléphone se mit à sonner,enfin j'allais pouvoir me venger, j'espérais que cette dernière pourrait me sauver .

    -Allô ?

    -Allô Ambre, c'est Mikaël.

    -Mikaël ! M'écriais-je, ça me fait plaisir de t'entendre, tu reviens pour les vacances ?

    -Non, mais toi tu pars au Japon !

    -Quoi ? M'étonnais-je.

    -J'ai retrouvé notre père.

    Aucun son ne pu sortir de ma bouche tant j'étais choquée.

    -Ton billet doit être dans la boite aux lettres, je ne peux venir avec toi j'ai trop de réunions. Tu as une semaine.

    Je le saluais rapidement et raccrochais la tête ailleurs, je dis au revoir à Nicolas et montais à la maison, fis mes bagages et partis pour l'aéroport. Décidément je haïssais les vols.

    En retrouvant mon père je comptais me renseigner sur la mère de Nathan, j'étais sûre que ce monstre savait où était le corps de Sophie. Et s'il ne me le disait pas, je ferais en sorte de faire des scandales à son entreprise pour qu'elle coule à pique et qu'il crève comme il avait fait mourir sa mère.

    Perdue dans mes pensées, je fonçais droit dans Nathan qui sortait probablement d'une bagarre vu que sa lèvre était en sang et le haut de son front aussi.

    -Tu t'en vas ? Pesta-t-il sèchement comme si je n'avais jamais eu d'importance à ses yeux.

    J'ouvris ma valise, sortant du désinfectant et un coton.

    -Assis-toi. Ordonnais-je sur le même ton.

    Il fut surpris de ma réaction car d'habitude je répondais doucement en hochant la tête et partais mais là, j'en avais vraiment marre de souffrir en silence.

    -De quel droit tu... comment ça-t-il.

    Je lui plaçais sans son autorisation le coton sur le front en appuyant assez fort.

    -Aïe ! S'écria-t-il.

    -Tu n'avais qu'à m'écouter, marmonnais-je énervée.

    Il s'assit alors, sans rien dire et me laissa soigner ses plaies.

    -Tu pars ? Demanda-t-il plus gentiment alors que je plaçais un pansement sur son front.

    -Au Japon, répondis-je.

    -Avec Mikaël ?

    -Seule.

    -Pourquoi ? Me questionna-t-il.

    -Je vais voir mon... « père ».

    Je prononçais ce mot avec autant de dégoût que possible.

    -Pourquoi ? Plaça-t-il après un silence pensant.

    Je me levais et ouvrit la bouche pour la refermer aussitôt.

    -Pourquoi ? Insista-il.

    -Je dois y aller, répliquais-je en fuyant rapidement.

    Il s'apprêta à me suivre, mais au moment de m'attraper par le bras, quelqu'un le repoussa en arrière.

    Je me retournais pour faire face à Nathan qui lançait un regard meurtrier à Nicolas, et je sentais qu'un gros problème allait arriver.

    -Elle t'a dit qu'elle devait y aller, laisse là.

    -De quoi je me mêle ? Vociféra Nathan.

    Ils s'avancèrent l'un de l'autre et je savais que si Nicolas s'énervait trop Nathan, ça allait finir en bagarre. Je me plaçais entre eux et les éloignais loin de l'autre.

    -Ça suffit ! Nicolas il faut que tu arrêtes, je n'ai pas besoin qu'on me protège. Nathan je ne te dirais rien, je ne veux pas te blesser.

    -Impossible que tu ne le blesses plus qu'il ne t'a blessé, récrimina Nathan.

    -Tu ne sais pas ce qui s'est passé, m'énervais-je en lui criant dessus ! Tu prends ma défense alors que c'est moi qui lui ai fais du mal !

    -Peu importe ce qui s'est passé, gueula le jeune homme, tu t'es retrouvée en larme au sol sans même la force de te relever ! Est-ce que cette dispute valait la peine de lui faire ça ?! Maudit-il en s'adressant à Nathan cette fois-ci.

    Ce dernier ne répondit pas, parce que je ne lui en laissai pas le temps.

    -Mais arrête ! Fulminais-je, je mérite cette douleur ! Tu ne comprends rien !

    Je partis les larmes aux yeux évitant ainsi le regard des deux garçons sur moi. Tout était de ma faute. Elle était morte à cause de moi. Je n'aurais jamais du les rencontrer, jamais.

    J'entendis juste un petit claque, et m'arrêtais brusquement. Je me retournais curieusement et je les vis entrain de se battre. Nathan avait le dessus, forcément il se battait depuis bien plus longtemps que Nicolas, je laissais mes bagages et courais pour intervenir. Mais en me plaçant entre eux, je me pris un grand coup et m'effondrai au sol, les deux garçons accoururent vers moi. Je saignais de la lèvre et mon cœur me faisait tellement mal que je foutais ma douleur sur ma haine, préférant m'énerver que d'être triste. Ils s'inquiétèrent pour moi, m'appelant à plusieurs reprises me demandant des « ça va » par ci, par là.

    -FERMEZ LA ! Hurlais-je hors de moi.

    Ils se turent tous les deux alors que je me relevais.

    -Nicolas ne vient plus me protéger ! Nathan je m'en vais essayer de retrouver mon père pour rechercher le corps de ta mère ! Maintenant partez !

    Ils s'éclipsèrent tous les deux, prenant deux chemins différents et je récupérais ma valise et m'enfuis en courant vers l'aéroport. Mon vol était dans quinze minutes.

    J'étais hors de moi. Tellement énervée que j'aurais pu défoncer un mur. J’essayais de me calmer alors que je pénétrais dans l'aéroport.

    Je m'apprêtais à pénétrer dans l'avion mais c'est à cet instant que je le vis... Un frisson me parcourut, il fallait que je prévienne Nathan, maintenant.


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