• Ce qui est invisible Chapitre 8: Tu pardonneras

    Nathan se réveilla péniblement dans un lit d’hôpital pour la douzième fois, ou la quatorzième peut-être ? Il avait arrêté de compter. Sa famille d'accueil ne supportait plus d'avoir à s'inquiéter à son sujet, et quand il les vit installés sur les fauteuils de sa chambre, deux grandes cernes sous les yeux, il se sentit minable. Mais il n'arrivait pas à se retenir. Se battre était pour lui, un moyen d'oublier sa mère. Disparue. Un moyen d'oublier Ambre. Ambre, sa petit princesse qu'il avait accusé à tord.

    Il passa la main dans ses cheveux avant de s'énerver à nouveau. Il sentait les larmes qui coulaient sur ses joues. Nathan se releva rapidement pour frapper une nouvelle fois quelque chose, peu importe quoi, ou qui. Il voulait juste que sa souffrance s'arrête. Mais une douleur incroyable au ventre se fit ressentir. Arnaud et Camille se réveillèrent doucement. La femme aux cheveux noirs, accourut vers lui en le voyant au sol, les yeux humides, et avec des gestes maternels, elle essaya de le réconforter. Mais Nathan la repoussa méchamment, presque violemment, et attrapa son téléphone portable sur la table de nuit pendant qu'Arnaud relevait sa femme.

    -Tu devrais avoir honte ! S'écria-t-il hors de lui, te battre ne ferait pas avancer les choses avec Ambre !

    Mais le jeune homme n'écoutait déjà plus rien. Cinq appels manqués de sa princesse. C'était étrange, d'habitude jamais elle ne donnait de nouvelles... Il lut alors le SMS qu'elle lui avait envoyé la boule au ventre.

     

    Je viens de voir ton père, fais attention à toi.

     

    Il faillit lâcher son téléphone sous le choc de cette horrible nouvelle... Son père ? Impossible, n'était-il pas retourné en prison ?

    -Nathan je te prierais de me regarder quand je te parle ! Hurla l'homme dos à lui.

    Il appuya sur le bouton « appeler », sans prendre compte des avertissements de sa famille d'accueil, et après quelque secondes qui lui parurent durer une éternité il fut soulagé d'entendre la voix d'Ambre, légèrement tremblotante.

    -Ambre tu vas bien ?

    -Ou.. Ou... Oui.

    -Où as-tu vu mon père ?

    Les deux adultes derrière lui cessèrent immédiatement de lui crier dessus, et Arnaud qui voulait lui arracher le téléphone des mains se figea net.
    -L'aéroport, dit-elle.

    -Tu es dans l'avion ?

    -Oui.

    -Ambre est-ce que ça va ? Ta voix est bizarre, on dirait que tu pleures. S'étonna-t-il.

    -Nathan... père... de moi.

    -Quoi ? S’inquiéta le jeune homme.

    -Ton père est à côté de moi.

    Le silence résonna dans les deux appareils avant que le cris d'Ambre retentissent aux oreilles de Nathan et qu'une voix grave tonna dans le téléphone, changeant de la jolie voix de la jeune femme.

    -Prends un billet pour le Japon, nous allons retrouver le père de ta petite protégée tous ensemble, il me doit encore beaucoup d'argent.

    -Si tu lui fais de mal je te jure que...

    -Oh du calme ! Elle est celle qui va me permettre de gagner mon fric, je ne toucherais pas à un seul de ces cheveux. Pour l'instant...

    Il raccrocha au nez du jeune homme blond, qui s'empressa de défoncer la table de nuit d'un coup de point. Une douleur atroce le prit au ventre, et il se sentit faiblir. Alors que sa vision s'obscurcit, il crut voir les beaux yeux d'Ambre en face de lui...

     

    Dans quel pétrin je me suis encore mise moi ? Je me retrouve dans un avion, moi qui haïssait être en l'air et qui subissait un vertige constant, et en plus le père de mon ex petit ami (que j'aimais encore, précisons le bien), un assassin, se retrouve à côté de moi. Je suis dans la merde. Et encore le mot est faible. Mon père ne payera jamais un sou pour moi. C'était totalement impossible qu'il daigne donner à cet homme une somme d'argent quelconque. Mon courage avait complètement disparu quand il m'avait décrit son crime, la façon horrible dont il avait tué son ex femme. Les coups de couteaux, la façon dont il l'avait projeté contre la vitre, le sang qui avait coulé à flot... Mais bien vite, la colère et un désir de vengeance étaient nés en moi. Cet homme ne méritait pas la mort, non. Il méritait bien plus, une souffrance, une douleur, une peine éternelle. On devrait le torturer jusqu'à ce qu'il crève, parce qu'il n'était pas un humain, loin de là. C'était un monstre. Un monstre à éliminer rapidement...

    Je me demandais aussi ce que venait faire Nathan dans tout ça. Pourquoi le poursuivait-il encore, n'avait-il déjà pas fait assez de mal ?

    -Arrête de me regarder ainsi, pesta l'homme à mes côtés.

    -Pourquoi vous voulez voir Nathan ? Demandais-je alors.

    -Je veux finir ce que j'ai commencé. Après les grands parents, j'ai tué les enfants. Il me reste juste mon fils à faire disparaître.

    -Ne l'appelez pas ainsi, m'emportais-je, vous n'êtes rien ! Vous n'avez pas le droit de lui dire « mon fils » ! Vous êtes complément cinglé et je vous interdit de...

    Ma respiration fut coupée par une lame froide qui venait de se glisser sous ma gorge. Mon cœur se mit à battre un peu plus fort, et mes membres tremblaient un à un, refusant de rester en place même si j'essayais désespérément de rester forte. Il fallait que je raisonne, que je ne laisse pas la terreur m’emporter. Il ne me tuerait pas, il avait besoin de moi.

    -Je vous interdit, sifflais-je alors qu'il appuyait un peu plus fort contre mon cou et qu'un liquide rouge commençait à s'écouler, de lui faire du mal.

    Il retira la lame et me projeta contre le hublot. Ma tête percuta de plein fouet la vitre, et une poigne serra ma gorge m'empêchant de respirer. J'articulais de sorte qu'il me lâche :

    -Mon père... ne vous donnera rien... s'il ne voit pas... que je suis en vie.

    Il relâcha soudainement sa poigne, sentant probablement que j'avais une longueur d'avance sur lui à ce moment-là.

    -Je gagne. Pestais-je sure de moi.

    Il me regarda froidement et joua avec sa lame quelques instants. Puis il sourit et me planta son couteau dans la cuisse, plaquant sa main sur ma bouche pour éviter que je ne hurle de douleur.

    -A force de jouer avec le feu, on finit par se brûler...

     

    Nathan se réveilla en sueur, il avait rêvé d'Ambre, et elle mourrait. Il se releva trop rapidement et sa tête se mit à tourner. Mikaël le força à se rasseoir sous l’œil amusé d'un blondinet aux yeux bleus.

    -Qu'est-ce qu'il fou là lui ? Cracha Nathan y mettant toute la rage qu'il contenait.

    -« Lui », répliqua Nicolas, vient vous aider.

    -On a pas besoin de ton aide !
    Nathan se mit debout, espérant probablement se mettre en face du jeune blond et le menacer d'un regard, mais il s'effondra au sol, une horrible douleur venait de le prendre au ventre.

    Mikaël releva Nathan et essaya de le convaincre :

    -Tu t'es pris un coup de couteau dans le ventre, reste calme. Nicolas nous fournit des hommes, ce que je ne peux pas faire étant donné que mon père surveille le moindre argent que je retire. Il faut que tu saches que jamais il ne donnera un sou quelconque pour Ambre. C'est pourquoi Nicolas va nous prêter la somme nécessaire que ton père désire. Et nous essayerons de lui tendre un piège.

    -Hors de question, s'écria Nathan, je refuse qu'on risque la vie d'Ambre, on lui donne cet argent point barre. Je suis prêt à te rembourser, je ferais n'importe quoi mais je refuse qu'on risque sa vie.

    -Mais... commença Mikaël.

    -Mikaël c'est ta sœur, je t'en supplie, je ne veux surtout pas la perdre...

    Le grand frère aux yeux noisettes regarda les yeux verts humides ,complètement désespéré du garçon en face de lui. Les larmes commençaient à dégouliner sur les joues des deux hommes et Nicolas prit la parole.

    -J'accepte. Mais tu ne dois pas oublier ce que tu as dis.

    Tout fut ainsi mis en place, et ils prirent le prochain vol pour le Japon. Nathan avait les yeux perdus dans la contemplation du vaste ciel bleu. Ce bleu, mélangé aux nuages gris avaient pour but de lui rappeler les grands yeux de sa petite princesse. Comment avait-il pu l'abandonner ainsi ? Elle qui l'avait soutenu pendant la dure période de la disparation de sa mère. Elle qu'il aimait temps... Les paroles de Nicolas résonnaient encore dans sa tête :

    « -Peu importe ce qui s'est passé, gueula le jeune homme, tu t'es retrouvé en larmes au sol sans même la force de te relever ! Est-ce que cette dispute valait la peine de lui faire ça ?! »

    Il lui avait fait du mal, alors qu'elle lui avait fait tellement de bien. Il ne la méritait pas, il ne la mériterait jamais, et toutes les excuses du monde ne le ferait jamais oublier comment il s'était comporté avec la femme de sa vie.

     

    Je dois à tout prix prévenir Nathan. Je dois vraiment l'appeler. Il ne doit pas venir me chercher... Je ne veux pas qu'il risque sa vie pour moi. Je ne veux pas qu'il lui arrive quelque chose à cause de moi. Je refuse qu'il souffre encore par ma faute...

    Ma jambe me faisait souffrir, mais aucune larme ne coulait de mes yeux.

    -Je peux aller aux toilettes ? Je voudrais aussi soigner ma jambe.

    -Tu dis ça comme si tu devais soigner une égratignure, tu n'as pas peur... ?

    -La seule chose qui me faisait peur c'était de perdre Nathan. Et je l'ai perdu, soupirais-je nostalgique.

    Il me laissa passer et je boitais misérablement jusqu'aux toilettes, lui derrière moi. Mon portable était dans sa main... il fallait que j'agisse vite. Au moment même où l'on arriva devant la cabine, je lui arrachais des mains et fermais rapidement la porte. Il toqua me hurlant d'ouvrir mais j'étais déjà entrain d'appeler l'homme que j'aimais.

    -Allô ?

    -C'est Ambre, je n'ai pas beaucoup de temps...

    -Si tu n'ouvres pas tout de suite cette cabine, hurla une voix d'homme puissante, je te jure que je te transperce l'autre jambe !

    -L'autre ? Ambre ça va ? S'écria Nathan.

    -Ecoute moi, il ne faut pas que tu viennes, tu m'entends ? Il veut te tuer, alors surtout ne vient pas je t'en...

    Deux bras forts me sortirent de la cabine qui venait d'être défoncée. L'assassin expliqua à l’hôtesse de l'air que j'étais restée enfermée et que j'étais clostrophobe. N'importe quoi ! Il rassura la dame disant qu'il payerait les réparations tout en me tirant vers les fauteuils, prenant ma place au téléphone, mettant le haut parleur pour que je puisse entendre.

    -Bon Nathan je suppose ?

    -Toi je te jure que je vais t'exploser la tête, te réduire en bouillie, t'arracher les bras, te...

    -Oh c'est bon j'ai compris mais écoute plutôt ça...

    Sans même que j'ai eu le temps de me demander ce que diable il voulait que Nathan entende. Il m'avait placé son couteau dans l'autre jambe et je criais de douleur. Il remua le couteau dans la plaie, et ce n'était pas une façon de parler. Et je hurlais encore, pleurant cette fois.

    Quand il retira son arme je ne pus m'empêcher de m'éloigner rapidement de lui. Il me faisait peur. Et il avait réussit à m'enlever toute forme de courage stupide qui avait pu naître en moi.

    -Toi, je vais... commença la voix de celui que j'aimais.

    -Me tuer, oui je sais. Bref, je veux que tu viennes sinon je lui fais du mal.

    -Non Nathan ne...

    Je me coupais car il leva son couteau me menaçant de me le planter.

    -Je viendrais, et je te donnerais la somme d'argent que tu veux du père d'Ambre. Alors tu la laissera partir. Elle n'a rien à voir là-dedans.

    -Je veux cent mille euros, comment vas-tu trouver une somme pareille ?

    -C'est déjà prêt.

    -Bien, on se retrouvera à Tokyo, sourit-il inutilement en raccrochant.

    Il voulait tuer l'homme que j'aimais. Il voulait tuer son propre fils, comment un tel homme peut exister ? Pourquoi existe-t-il ce tel monstre ? Je dirigeais mon regard vers le hublot, ma petite Lune, je t'en pris, faites que l'on s'en sorte. Faites qu'il s'en sorte. Si tu existes, Dieu, sors-moi de là. En même temps s'il existait, je ne serais pas là. Je secouais la tête, les yeux verts de Nathan n'arrêtaient pas de me revenir en mémoire, ses sourires, ses bagarres, son rire. Je l'aimais et je ne lui avais jamais dit. De toute façon, il m'avait complètement oublié, il me haïssait maintenant. Cette pensée me fit un mal fou, et mon cœur se serra encore. Je sentis que mon souffle se coupait, que mes poumons se serraient. Et mes yeux devinrent humides... Les larmes trop longtemps retenues coulèrent à flot le long de mes joues.

     

    Minuit 08 et 30 secondes. Voilà l'heure à laquelle Nathan s'était retrouvé dans un vieux garage immonde de Tokyo, une valise à la main. Et c'est à cette heure qu'il vit débarquer une jeune femme blonde aux yeux humides avec du sang sur son jeans. Elle était tirée par la pire ordure qui puisse exister au monde. Par la pire chose qui lui soit jamais arrivé. Son père.

    Nathan fit glisser la mallette au sol et elle se retrouva au pied de l'homme.

    -Tu pensais vraiment que j'allais vous laissez vous en sortir ? Commença son père ironiquement, Maintenant je vais la tuer devant tes...

    -Il n'y a que la moitié de l'argent, sourit le jeune garçon, si tu veux l'autre moitié tu me laisses, moi et Ambre sortir d'ici.

    Un silence régna dans le garage insalubre et l'assassin était terriblement énervé de ce petit coup monté mais il allait accepté. Comme ça il aurait son argent. Mais il se vengerait. Ça, ce petit abrutit pouvait en être sur.

    -Très bien.

    Il lâcha Ambre et elle se précipita vers Nathan. Tous deux sortirent de la pièce avant qu'un garçon blond bouclé apparut et glissa une deuxième mallette pleine de billet.

    Mais malheureusement pour l'assassin la police était là aussi. Ce que Nathan n'avait pas voulu, d'ailleurs il n'avait même pas était mis au courant. L'homme essaya de s'enfuir, brisant la fenêtre et sautant par dessus, délaissant l'argent. Il courut en direction de Nathan et lui plaça une lame sous la gorge menaçant de le tuer. Le jeune homme lui décocha un coup dans le pied et dans la tête, et son père le lâcha sur le champ. Notre jeune héros glissa sur le côté alors que des coups de feu retentirent au creux de ses oreilles. Plusieurs balles venaient de transpercer son père. C'était fini. Nathan s'approcha du corps qui gisait au sol et il le vit bouger légèrement et appeler avec un téléphone. Après quelques instants, l’entrepôt abandonné explosa, et il y eut plusieurs blessés parmi les policiers. Mais tout était enfin réglé, le monstre était mort...

     

    Tout était fini, je m'étais faite soigner les jambes, avais décrit mon « enlèvement » à la police et Mikaël m'avait serré dans les bras une bonne centaine de fois. Le corps de Claire avait été retrouvé, et au retour au pays nous allions l'enterrer. Nous avions loué un petit hôtel pour quatre personnes car nous avions besoin de dormir et de nous remettre les idées en place avant de prendre le prochain vol. Alors que tout le monde dormait paisiblement je m'étais aventurée sur le balcon profitant de la vue que Tokyo m'apportait. La vue d'une ville illuminée, de nombreux immeubles tous embellis de panneaux publicitaires apportant une vaste lumière à la pénombre de la nuit. Et alors que mon regard se leva instinctivement vers les étoiles une veste se plaça sur mes épaules. Mais je n'avais pas besoin de me retourner pour savoir de qui il s'agissait, l'odeur qu'émanait ce vêtement m'était bien trop agréable et familière.

    -Je te remercie de m'avoir sauvé, plaçais-je doucement alors que Nathan se mit à côté de moi.

    -Je n'aurais pas supporter de perdre encore une des personnes que j'aime.

    Une souffrance dans mon cœur venait de s'arrêter, Nathan ne me haïssait pas. Mais je m'en voulais encore, et je m'en voudrais toujours je pense.

    -Je suis tellement désolée, Nathan, commençais-je, je n'ai jamais voulu que...

    Il me plaça un doigt sur ma bouche et m'attira contre lui pour me serrer dans ses bras de toutes ses forces. Enfin ce dont j'avais rêvé à chaque nuit, enfin ce dont j'avais rêvé à chacun des moments passés se réalisait. Nathan me pardonnait. Il approcha délicatement son visage du mien, et sous la magnifique lumière de la Lune, je pus enfin goûter à nouveau ses lèvres si délicieuses dont je n'avais jamais oublié la douceur.

    -Vous avez une dette envers moi.

    Nathan s'éloigna de moi tout en gardant une main autour de ma taille. Je souris à Nicolas :

    -On te remboursera dès qu'on le pourra ne t'en fais pas. Merci, tu m'as sauvé.

    -Je ne veux pas d'argent, soupira le jeune homme blond. Nathan, tu m'avais bien dit que tu ferais n'importe quoi ?

    Mon petit ami hocha la tête tout en se méfiant des paroles du jeune homme en face de lui. Car il sentait, lui comme moi d'ailleurs, que ce n'était pas bon du tout.

    -On en parlera seul à seul.

    Je m'apprêtais à répliquer mais Nathan m'en empêcha en m'attirant à lui et en posant ses lèvres sur les miennes. Tout ça devant Nicolas, je savais très bien qu'il cherchait à le provoquer. Mais je répondis tout de même à son baiser, impossible que je puisse y résister....


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