• Ce que j'étais: Chapitre 2

    La solitude, c'est tenir celui qu'on aime quand on sait qu'on risque de ne plus jamais le tenir. Même perdu dans les Ténèbres mon cœur te retrouvera. L'âme meurt sous la main de celui qui la porte. Si je pouvais trouver un endroit où fuir j'y serais maintenant, bien cachée. La lumière du jour la plus obscure me trouve ici, ceux qui attendent, guettent déjà, comment échappe-t-on à soi-même ?
    Les mêmes mots défilaient dans ma tête :
    "j'ai posé ma tête sur sa poitrine et j'ai pleuré
    un océan asséché, un désert d'émotion
    triste heureuse ombre lumière joie chagrin m'ont submergé, engloutie
    j'ai perçu le bruit mais je n'ai pas saisi les mots
    puis j'ai compris que le bruit, c'était moi qui me cassais
    en un instant, j'ai tout ressenti et je n'ai rien ressenti
    j'étais brisée, j'étais sauvée, j'avais tout perdu, j'avais reçu
    tout le reste
    quelque chose en moi était mort, quelque chose en moi était né, je savais seulement
    que la fille était partie
    qui que je sois désormais, je ne serais plus jamais elle de cette façon
    ainsi s'achève le monde sans éclat mais sur un cri plaintif
    la gratitude la rage l'amour le désespoir l'espoir la haine
    d'abord le vert est or mais rien de ce qui est vert ne perdure"
    Je les voyais s'écrire dans ma tête, sans majuscules.


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