La jeune fille se leva, en proie à une terrible fatigue. L’envie irrésistible de se recoucher la tenaillait, mais elle devait aller en cours. Les bonnes vieilles salles d’humiliation qu’elle fréquentait depuis 4 ans dans ce collège. Le même troupeau de bêtes, qui jugeait, qui excluait, qui humiliait. Jane ne détestait pas la compagnie. Elle détestait les élèves.

A 8h, elle était prête, et comme chaque matin, une boule lui tenaillait pompeusement le ventre. Les retrouver, tous, leur regard à l’affut des défauts, leurs jugements conformistes et leur cruelle vulgarité lui faisaient peur. Dès le matin, ça commençait. Des « putain », « merde », « connards » s’élevaient ici et là du chahut quotidien. Et comme d’habitude, les professeurs firent rentrer les élèves, tel un troupeau que l’on mène à l’abattoir.

- Les enfants, je…

- bah on est en 3^e quoi… « Les enfants » ! dit quelqu’un en imitant la voicx du directeur.

- Silence ! Je vous annonce l’arrivée d’une nouvelle élève, je compte sur vous pour bien l’accueillir. Elle s’appelle Jessica.

- Va t’asseoir à côté de Jane annonça la professeure. Puis, à l’attention du principal : Merci.

La jeune fille trop maquillée était l’horreur absolue de Jane. Trop superficielle… se dit celle-ci. La nouvelle n’était pas jolie mais ses yeux provocants témoignaient d’un certain narcissisme. Le maquillage gâchait encore plus son visage. Elle portait un haut à motifs, un slim qui affinait ses jambes et des ballerines. Une tenue classique pour ce genre de fille. Une chevelure opulente masquait son dos, chevelure qui se terminait en fourche et évoquait une pieuvre. Malgré sa figure peu agréable, elle faisait partie de ces gens qui ont tellement d’assurance qu’ils réussissent à se faire passer pour beaux. Elle balaya la classe d’un air insolent, défigura Jane avec un air méprisant et s’installa à côté d’elle. « Elle pue » se dit Jane. « Elle pue de l’extérieur et de l’intérieur. » Jane la détesta à cet instant précis. Le cours reprit, agrémenté des bavardages habituel de ce bétail d’élèves et ceux de Jessica notamment. En 15 minutes, elle était intégrée.

Jane fixait maintenant le carrelage des toilettes depuis 10 minutes. Elle s’y enfermait à chaque récréation pour que la vue de ces élèves lui échappe. Elle entendait toujours ces jérémiades quotidiennes du style « oooh j’ai plus de mascara ! – aaah mon maquillage a coulé ! - Ahaha mais quelle bouffone ! »

Et à nouveau elle les méprisait, sans relâche.

- Y a qui là ? ça fait 3h que la porte est fermée !

La voix aiguë de Jessica…