• Jane: Chapitre 3

    - Woh, c’est qui là ?

    Sans répondre, Jane se recroquevilla sur elle-même. Encore… Il restait 5 minutes de récré, elle devrait attendre jusque là.

    - Bon tu sors ouais ?

    Jane regarda la porte. Pourquoi les gens avaient besoin d’être méchants pour se trouver une place ? Elle, elle voulait juste vivre. Elle ne faisait de mal à personne. Elle fixait son poignet et y renonça. Pour dire « non, je ne céderai pas. Non, je refuse de craquer, de vous faire plaisir. Ce plaisir, vous ne le méritez pas… »

    - Alors ! C’est qui là ? Connasse arrête de faire le blaireau !

    Elle est laide…

    - Okééé… bouffonne.

    Et ses parents ? Ils doivent aussi avoir cette laideur. Tous sont laids. On dirait des chiens. Ils lèchent tout ce qu’ils trouvent. Il leur est impossible de dire « Non ». Non, je ne veux pas de cette vie, dans cette société. Au milieu de ces gens. Ils ont tous une laideur, un signe de corruption au coin des yeux ou de la bouche. Si on regarde bien, ils ont tous cette lueur amère dans le regard, cette lueur qui dit « pourquoi j’ai choisi cette vie ? ». Elle est plus ou moins présente. Seuls ceux qui exploitent ne l’ont pas. Et ceux qui se font exploiter ne disent rien, se laissent faire. Sans rien dire, ils subissent. Ils payent. Ils fument leur désespoir. Ils sont méprisables. Tous… Jane aurait bien voulu fuir. Loin de la Terre habitée par ces gens idiots. Si elle adorait l’astronomie, c’était aussi car chaque nuit, l’immensité de l’univers constellé de points scintillants qui se reflétait dans le ciel la faisait s’évader. Ah, si elle avait pu s’exiler loin… à l’autre bout de la galaxie tiens…

    La sonnerie retentit. Jane se leva à contrecœur, déverrouilla la porte et sortit, accueillit par l’immonde visage de Jessica.

    - Tiens, c’était toi…

    - Oui, c’était moi.

    - T’avais la chiasse ? Elle parla bien fort pour que tout le monde entende. Et tout le monde rigola.

    - Non. Je te vomissais, ton visage, ta voix, ton regard. Pas la chiasse.

    - Je t’emmerde !

    - Peu m’importe.

    Et Jane partit, en laissant des traces de son mépris derrière elle. Je n’aurais pas dû, se dit-elle. Elle va me harceler… C’est la fin.


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