• Joyeux Noël

     

    Genre: Amour et Amitié, Historique

    Auteur: Yuuka

    Statut: OS Terminé

     

     

     

    C'est enfin Noël, mais pour moi ça ne représente pas grand chose. Mon père est parti à la guerre contre les allemands il y a 2 ans... Dans deux jours, ce sera encore un noël passé sans lui étant seul avec ma belle-mère. Elle ne s'occupe pas très bien de moi, enfin elle ne sait faire que me crier dessus. Je reste collé à la vitre, regardant tous les autres enfants de mon âge jouer dans la neige, ce que je ne pouvais pas faire parce que je pensais vraiment trop à mon père.

     

    - Alexander ! Vas décorer le sapin. Ton cousin va venir pour noël !

    - Oui... j'arrive

     

    Je me décolle de la vitre et descends de mon lit pour me diriger dans le salon, une merveilleuse odeur de nourriture règne dans la pièce - je fais un pas après l'autre vers le sapin le temps d'admirer quelques décorations de noël que notre voisin nous a apporté. Une fois devant l'arbre gigantesque, je prends en main les décorations, des boules avec des cerfs dessinés dessus, des pères noël miniatures et des guirlandes étincelantes. Je place une étoile au sommet et enroule autour du sapin une guirlande qui part de cette étoile. Je remplis l'arbre vert à épines de boules de toutes les couleurs et de quelques père-noël miniatures. Maintenant, il est enfin prêt et j'espère que le père noël me donnera de beaux cadeaux... si seulement il pouvait me ramener mon père..... Je me retourne et voit le facteur qui arrive vers notre maison. J'accoure à la porte et j'aperçois ma belle-mère a genou en pleure. Je m'approche doucement vers elle en lui demandant ce qu'il se passe. Je pense que je n'aurait jamais du venir tout de suite, en voyant ma tutrice suffoquée de tristesse, j'ai compris tout de suite que c'est à propos de papa... il est devenu handicapé ou pire... mort ? Je ne veux pas y croire. Elle se retourne d'un coup vers moi et m'annonce ce que je ne veux pas savoir et ce que je ne veux pas entendre : «  Ton père est mort ». Je suis complètement pétrifié, complètement désespéré. Les larmes veulent couler, j'essaie de me retenir et malheureusement, je finis par craquer ! Une fois de plus cette guerre féroce m'a arraché une personne chère à mes yeux : ma mère y est déjà passé... maintenant mon père -le seul parent qui me restait-. Hurler de tristesse, voilà ce que j'ai envie de faire, hurler de toute ma haine contre ceux qui m'avaient enlevé mes parents. Je veux me venger... cependant je n'en n'ai pas le pouvoir. Si Dieu existe vraiment, qu'il fasse quelque chose.....juste un miracle... Mes larmes coulent sur mon visage, j'éclate en sanglot tombant à genou sur le parquet. Ma belle-mère, pour la première fois , me prend dans ses bras. Enfin un signe d'amour...

     

    Aujourd'hui, c'est la veille de Noël. Je me réveille brusquement à cause d'un bruit strident alors je regarde par la fenêtre et je vois que les gens commençaient à s'affoler. Mais que se passe t-il ? Mon cousin, qui était arrivé hier après avoir retrouvé notre calme..., se réveille aussi en sursaut. J'ouvre la porte et aperçoit des hommes munis d'une arme à feux, je ferme la porte en vitesse :serait-ce les allemands ? J'ouvre la fenêtre et saute du première étage pour atterrir dans un buisson en laissant ma belle-mère seule. Je suis vraiment désolé.... mon cousin, me suivit , avec beaucoup de mal. Je me relève difficilement. Ces fourbes ! Je suis sûr qu'ils ont attendu Noël pour nous attaquer. Le village se trouve près de la frontière, je fais tout mon possible pour garder mon calme, mais au fond de moi,je ne peux pas m'empêcher d’être mort de peur devant cette boucherie en face de moi. Les femmes se font violer et tuer une à une et le peu d'hommes présent, c'est-à-dire, des hommes âgés, des hommes handicapés ou des hommes gravement malades, se font écarteler , pendre ou bien charcuter en petits morceaux. Pendant que je reste cacher dans mon buisson, les hommes de l'armée française arrivent enfin et des chars approchent, allemands et français, ils content vraiment utiliser ce village comme champs de bataille. Je finis par sortir de ma cachette en prenant mon courage à deux mains. Je cours à toute vitesse avec le « membre » de ma famille qui me suit, même si ce n'est pas vraiment mon cousin, il est de la famille de la deuxième femme que mon père a épousé. Les mitraillettes et les bombardements commencent, ma maison vient de recevoir un obus, la maison où j'attendais mon père.... ou j'avais vécu des souvenirs heureux avec mes parents. Pourquoi aiment-ils autant faire souffrir les gens ? Je ne peux pas m'arrêter là, je cours encore, la peur que je ressens est immense. A force de courir sans regarder devant moi je percute un allemands . Je me tiens encore sur mes deux jambes. Il pointe une arme sur moi et juste avant qu'il appuie sur la détente je me bascule sur le coté dans une petite côte jusqu'à rouler dans la rivière. Il y a juste un problème je ne sais pas nager.... Je pars à la dérive très loin, loin du village, je réussi à m'accrocher à un morceau de bois qui flotte à la surface, mais j'entends le bruit d'une cascade, je ferme les yeux. Je vais mourir.... je vais mourir.... je vais rejoindre les étoiles, ma mère, et mon père. Je tombe dans le vide, je fais ma dernière prière avant de mourir, une larme coule, au moins je quitterai ce monde injuste.

     

    J'ouvre une porte et un monstre vert avec des dents pointus et des yeux rouges apparaît devant moi, j'ai beau courir mais je fais du surplace, que se passe t-il ? Est-ce l'enfer ? Le monstre me prend par mon Tee-shirt et me soulève. Je gigote dans tous les sens. Ça y est je suis mort. Même, même.... je n'ai pas envie de souffrir encore plus.... s'il vous plaît. La créature verte ouvre grand la bouche en laissant une odeur désagréable qui m'arrache violemment mon bras gauche avec ses dents, je hurle de souffrance.... mes larmes coulent les unes après les autre. Le sang gicle de cette énorme blessure, le sang coule et coule encore.... J'ai beau crier personne ne viendra me sauver. Pour finir, il m'emporte la tête dans sa bouche et l'éclate en la fermant.

     

    - AAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHH !

     

     

    J'ouvre les yeux dans un lit, en sueur et essoufflé, un cauchemar ? Ah... je vois c'est bien un cauchemar. Après avoir hurlé une vieille personne arrive dans ma chambre. Qui est-elle ? Une femme ?

     

    - Ah tu es réveillé.

    - Oui... mais qui êtes vous ? 

    - Hum... Je t'ai trouvé échoué sur le bord de la rivière alors je t'ai ramené chez moi. 

    - Merci beaucoup Madame !

     

    Elle m'apporte un bon bol de lait et de la nourriture, de la viande, des légumes, et des pommes de terres, je me régale les narines à sentir cette magnifique odeur. Je déguste chacune des bouchées que je prends, c'était si bon… Je pose mon regard sur la vieille dame, elle me paraît si gentille, mais je devrai faire attention : je ne la connais pas.

     

    - Où est-ce qu'on est ici ?

    - Chez moi, mon bonhomme. 

    - Non mais.... dans quelle partie de la région ? 

    - Ici ? Tu es au Bade-Wurtemberg, une région d'Allemagne. 

    - Je suis en Allemagne ?! 

    - Attends, tu n'as rien à craindre ici, c'est une maison très bien cachée comme tu peux le voir je suis aussi française. 

    - Oui mais je ne veux pas rester là plus longtemps. Merci beaucoup de votre hospitalité...

     

     

    Je sors de mon lit, m'incline devant la vieille femme pour m'avoir sauvé la vie et la remercier de son hospitalité. Elle me répond avec un sourire en me disant : « Bon courage ». Je quitte la maison et je me retrouve dans une forêt accompagnée d'une rivière : Celle où je dérivais ? Je regarde autour de moi : Je vois que des arbres à l'horizon. Je me lance dans la forêt sans qu'il n'y ai de chemin.

    Une demi-journée est déjà passée et je n'ai pas trouvé mon chemin. Quand est-ce que je retrouverai mon chemin ? La nuit commence à tomber, mes yeux me piquent, je ne vois plus convenablement. Je me sens si seul, quelqu'un viendra me sauver n'est-ce pas ? En étant trop plongé dans mes pensées, je trébuche à cause d'une racine d'un arbre. Quand je relève la tête, j'aperçois des lumières. Je m'y rends et y trouve un village. Tout à l'air calme. Je regarde par la fenêtre, il y a une famille, un père, une mère et deux enfants. Ils ont l'air heureux. Je les observe danser autour du sapin de noël : ils doivent attendre impatiemment Noël. C'est à ce moment-là que je sens mon cœur se serrer. Pourquoi ? Je crois que je suis mal à l'aise : J'ai mal au cœur rien que de penser que je ne pourrai pas faire Noël en compagnie de ma famille si loin déjà. Je me dirige vers une sorte de grange et m'installe à l'intérieur, au milieu de la paille.

     

    Le lendemain, le jour de Noël, j'ai entendu des paroles alors j'ouvre les yeux et j’entends : « Ein Französisch ! Er ist ein Französisch ». Qu'est-ce que ça voulait dire ? Une femme me pique avec une fourche jusqu'à ce que je sorte de la grange et me chasse de sa ferme. Je marche dans la neige à l'intérieur du village, mais les villageois avait entendu la femme crier :« Ein Französisch ! Er ist ein Französisch ». De ce fait, ils me dévisagent tous sans aucunes exceptions. Ce sentiment de solitude et de rejet est horrible. Qu'ai-je bien pu faire pour mériter tout ce que je subis ? Je quitte donc le village sous leurs regards méprisants.

     

    Je continue de marcher vers une destination qui m'est complètement inconnue. Mes doigts de pieds, mes pieds tout entier sont gelés. Mes petites bottes marrons sont trouées de partout. La semelle se décolle donnant ainsi l'occasion à la neige de rentrer dans mes bottes. Sachant que la neige m'arrive au niveau des mollets. Je suis mort de froid, j'ai seulement un T-shirt et une petite veste en mauvaises états sur moi. J'ai aussi un pantalon qui m'arrive au genou. J'ai gardé les mêmes vêtements que le jour où l'on s'est fait attaquer par les allemands. La neige tombe toujours. J'espère juste que ça ne se terminera pas en tempête. Je suis protégé par les arbres, seulement pour le moment. Je sais que je dois marcher, mais je sais même pas où et ce que je devrais faire ensuite. En voyant mon père et ma mère mort si jeune, je ne peux pas me permettre de mourir. Je me suis décidé. Je vais vivre pleinement ma vie jusqu'au bout. Je vais vivre la vie qu'ils n'ont pas pu avoir. Je marche un peu plus vite, mon esprit plein de détermination. Enfin sorti de la forêt je me retrouve dans un océan de neige. Il y a que du blanc à l'horizon, mais on peut tout de même apercevoir une montagne tout droit. Un chemin est légèrement visible. Je l'empreinte.

     

    Après plusieurs heures de marche, j'entends un bruit de roue. Un chariot approche venant de derrière moi, de la forêt ? Quand il passe à coté de moi, il s'arrête. Un Monsieur qui a l'air riche ouvre la porte et me dis d'approcher en me faisant un signe. Je vais le rejoindre et il me parle. Je n'ai pas compris du tout parce que je ne parle pas allemands. Il prend mon bras et me fait monter de force dans le chariot, qui redémarre aussitôt que je sois monté. Pendant le voyage l'homme me fixe. Je me glisse doucement vers la porte et j'essaie d'ouvrir mais elle est fermée à clé. L'aristocrate me tire jusqu'à lui avec ses sourcils froncés. Il me fait sérieusement peur. Mon ventre gargouille. Je n'ai pas mangé depuis hier. L'homme riche sort un petit pain de sa poche de veste et me le donne. Sans plus attendre je le dévore. J'ai terriblement faim mais ce petit pain m'a fait un peu de bien. Après une heure environ, on arrive dans une grande ville. C'est la première fois pour moi. Il y a beaucoup de monde, beaucoup de personnes riches mais aussi des gens pauvres. On s'arrête d'un seul coup. Je tombe du siège et atterrit par terre. L'homme du chariot me prend brusquement par le bras et m’emmène dans un bâtiment. Les personnes à l'intérieur sont toutes habillées de la même façon. Pourtant je reconnais facilement leur uniforme. Ils sont là pour m'arrêter, je me disais aussi que si cet homme venait du village de la forêt. Je tente de m'échapper en lui mordant le bras. Je m’enfuis par la porte d'entrée et quatre sont à mes trousses. Un autre se place devant moi croyant pouvoir me barrer la route. Alors qu'il a les jambes assez écartés, je fais une grande glissade sur le sol et passe en dessous de lui. Je me relève pendant que les quatre autres hommes me suivent toujours. Je cours comme je n'avais jamais couru. J'arrive dans la grande rue et j’entreprends de les perdres en passant entre les gens. Trois hommes me suivent toujours. Je tourne dans une petite ruelle et au bout je me retrouve coincé par un grillage. Les trois gendarmes arrivent derrière moi avec leurs rires. Je grimpe sur une caisse à coté et monte sur le grillage. Un des trois me prend par le pied pour me faire redescendre. Je tire un bon coup et finis par passer en laissant ma botte à l'homme. Je continue ma route seul. Je vais de petite ruelle en petite ruelle. Je ne croise que des animaux tel que des chats, des chiens ou des rats. Je tombe enfin sur la grande rue. A peine arrivé que je me fais bousculer dans tous les sens. Le sol est froid. Il faut absoluement que je me trouve quelque chose. Je regarde autour de moi et vois un magasin vendant des chaussures. J'entre à l'intérieur. Je regarde autour de moi et j'approche d'une paire. Le vendeur, sans doute , viens me voir et me parle. Mais je ne comprends pas un mot de ce qu'il dit. Je prends en main la paire de chaussures. Je fais un pas vers l'autre pour rejoindre la sortie. Je me retourne brutalement et recommence à courir pour m'enfuir avec les chaussures. Le vendeur me court après en hurlant. J’accélère le pas pour le semer. Je bouscule quelqu'un et tombe à terre. Le vendeur m'attrape. Il m’accompagne là où l’aristocrate de tout à l'heure m'a emmené. Ils essaient tous de me parler. Ils m'attachent les mains. Je tremble. J'ai encore plus peur qu'avant. Que vont-ils me faire ? Ils me parlent encore. Je finis par leur dire : « Je suis français ». Un seul des hommes a compris ce que j'ai dis. Par déduction, il doit dire que je suis français. Ils me dévisagent. Un homme me prend et me soulève. Il me dépose dans un chariot composé d'une grille à l'arrière. Il m'enferme dedans et il fait démarrer les chevaux. Il me semble que suis finis maintenant. Je me serais pas battu longtemps. Je me mets à pleurer à chaudes larmes. J'espère que je serais vengé, pour ça : les français doivent gagner cette guerre et faire payer les allemands. Je me sens vraiment mal. J'ai du mal à réaliser quand même que ma vie va bientôt s'arrêter.

     

    Ils me font descendre du chariot. Je me trouve devant un grand bâtiment avec des petites fenêtres qui se font rares. Qu'est-ce que c'est ? Il me pousse à l'intérieur. C'est une prison ! Je me débats le plus possible. Ils vont nous exécuter ? Je veux partir. Je continue de pleurer. Je dirais même gindre. Je hurle dans tous les sens. Je ne me contrôle plus. Je fais exploser ma haine et ma tristesse. On m'entend sûrement de loin. Je pense être dans un état pas possible. Je ne veux vraiment pas mourir maintenant !

    Il me balance dans une cellule en s'énervant contre moi. Peut-être a t-il envie que je me taise ? Je tape contre les barreaux. Une fois un peu calmé, je me retourne et découvre que j'ai un compagnon de cellule. Je m'approche doucement. Il me regarde d'un air étonné. Je l'observe longuement. Des larmes de joies apparaissent sur mon visage. Je n'y crois pas, même mes propres yeux n'y croient pas. En fait aujourd'hui, c'est le plus beau des Noëls. Je tente difficilement de contenir ma joie. Mais un beau sourire masque mes larmes de haine que j'avais. Enfin je le retrouve là. Papa n'est pas mort ! Il est en face de moi. Je ne sais même pas comment aborder la conversation. Il me fait un signe en ouvrant grand ses bras. Il a mauvaise mine cependant je ne peux m'empêcher de sauter sur lui. Ses bras se renfermant sur moi, je lui dis en souriant : «  Joyeux Noël... Papa ».

     

     

    //END//


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique